Mauvais mauvais.
J’habite depuis trois ans un appartement dans un quartier pas chic de Paris, et j’y suis bien. J’y suis bien et je sais que je pourrai y rester longtemps parce qu’il a deux chambres : une pour mon enfant et une pour moi. C’était l’unique condition que je m’étais fixée en quittant le plus grand logement que j’habitais dans ma vie « d’avant ». Cet appartement est bien trop cher pour moi, son loyer représente quasiment la moitié de mon salaire. « Mauvais mauvais » vous me direz, et vous avez raison, c’est aussi l’avis de ma banquière.
Si j'étais seule.
Évidemment que si j’étais seule, j’habiterais un espace avec moins de pièces qui ne représenterait que le tiers de mon salaire en loyer. Mais l’enfant est là, pour lequel on souhaite toujours le meilleur. Et puis surtout, depuis que je suis « parent isolé », j’ai décidé autant que possible de ne pas déchoir (oh le gros mot. N’ayons pas peur de lui!). Dégringoler symboliquement sous prétexte d’avoir fait un choix de vie pas tout à fait dans les clous ? No way. Choir symboliquement parlant, c’aurait été, par exemple, pour mon compte, dormir dans mon canapé et laisser la seule chambre à l’enfant. Chacun a son échelle de valeurs, certains n’ont pas connu autre chose que le clic-clac du salon et n’en font pas toute une histoire, d’autres en ont fait le choix pour garder une adresse qui permette par exemple de scolariser son enfant au bon endroit, bref, il y a mille cas de figure et je ne porte pas de jugement, d’ailleurs, au rythme où vont les choses, ça pourrait bien m’arriver bientôt. En attendant, je m’arc-boute à l’idée que je me fais d’une vie décente.
A vous qui n'y pensez pas.
Laissez-moi donc vous dire, à vous qui n’y pensez peut-être jamais, ou à vous qui tous les jours en rêvez, le confort mental d’avoir un lit un vrai, de pouvoir visualiser sa chambre quand bien même elle n’est qu’un couloir, héhé, et d'envisager cet espace comme un lieu calme et à soi. Dormir dans mon canapé m’aurait donné le sentiment amer de rétrograder aux années « chambre de bonne » de mes 20 ans. Que, contrairement à il y a vingt ans où je me contrefichais de manger des pâtes en vivant dans 15 m2, je travaille aujourd’hui à temps plein, que certes je tire le diable par la queue certains mois, mais que, comment le dire sans passer pour une veille conne, j’estime avoir donné et surtout avoir passé l’âge de dormir dans le salon.
Conclusion ?
Mangeons des clopinettes tout en sachant pourquoi (d’ailleurs, ce livre est fait pour moi!)