Kevin Baxter, qui couvre les Jeux Olympiques de Rio pour le Los Angeles Times a l’oreille fine, bien plus fine que celle de la porte-parole de la FIFA qui jure ne rien avoir entendu : lors des matches d’ouverture Etats-Unis/Nouvelle-Zélande et Canada/Australie, des footballeuses ont été traitées de “bicha”- “pédé” dans l’argot portugais. Rien de bien grave, paraît-il, juste une coutume. Cristiano Ronaldo connaît la chanson. Un peu comme chez nous quand l'exclamation "Hisse... Enculé..." sert à encourager le gardien de but au moment de son dégagement des six mètres.
Pour une bonne nouvelle, c’est une bonne nouvelle : voici les joueuses de football logées à la même enseigne que les garcons. Pendant la Revolution, les femmes et les hommes n’étaient égaux que devant l’échafaud ; à présent elles et ils sont égaux face à l’insulte homophobe. Traitées de “bicha” comme les mecs plutôt que de “lésbica”. Virilisées. Une femme qui joue au foot, ce n’est plus une femme. Lors de la rencontre Etats-Unis/Nouvelle-Zélande, le mot de “bicha”, signifiant à l’origine “insecte”, est venu d’autant plus aisément aux lèvres qu’il rimait avec “Zika”, surnom dont la portière de l’équipe des Etats-Unis a été affublée à chacun de ses dégagements, en réponse à ses quelques tweets bas-du-front. Quand la bêtise répond à la bêtise, il n’y a plus de frontières.
Not sharing this!!! Get your own! #zikaproof #RoadToRio pic.twitter.com/y3d8hnuEjk
— Hope Solo (@hopesolo) 22 juillet 2016
If anyone in the village forgets to pack repellent, come and see me...#DeptOfDefense #zikaproof pic.twitter.com/x8RdUV6M7c
— Hope Solo (@hopesolo) 22 juillet 2016
Toutes ces insultes à caractère sexuel sont banalisées, elles sont coutumières dans les stades de football. Ce sont les armes privilégiées de la violence de genre et un outil sexiste de discrimination.
Je ne me lasserai jamais de l’écrire : Quand le mot de « pédé » est proféré comme une insulte, c’est-à-dire avec l’intention haineuse de rabaisser l’autre, de le discréditer, de l’exclure, il est inacceptable. Inacceptable parce que sexiste, sexisme qui devrait être condamné comme on condamne le racisme ou l’antisémitisme.
Comme le rappelaient il y a quelques mois Fanny Lothaire et Marie Gentric, le Brésil concentre presque la moitié des assassinats homophobes dans le monde. Soit le taux mondial le plus élevé. Disons, pour être plus claire encore, qu’au Brésil, un homosexuel est assassiné toutes les 28 heures. Ou quand l'homophobie est plus dévastateur encore que le virus Zika.