Lettre ouverte à Cristiano Ronaldo

Cristiano chouchou

FullSizeRender 1Tu le sais – et d’ailleurs tu aimes ça – le presque monde entier ne parle aujourd’hui que de toi. Quand j’écris le « presque monde entier » c’est parce que j’exclus du monde entier les fans de Griezmann, les crèves-la-faim luttant pour leur survie et les trépassé-e-s d’il y a peu : les fétard-e-s tombés au Pulse le 12 juin et les 292 victimes provisoires des bombes humaines de Daech à Bagdad. Deux jours après l’ouverture de ton EURO, malgré les trois matches à l’affiche de soir-là, les premiers ont été oubliés par l’UEFA. Quant aux seconds, ils ont été très vite relégués aux brèves des gazettes. Ben oui, c’est toi et les tiens qui squattez la Une depuis un mois. Toi dont la moindre larme fait le tour du presque monde entier, toi dont le moindre sourire lancé à une fille rassure le presque monde entier sur ta carrière de Don Juan et sur le bon usage de ta virilité musclée. Ta virilité musclée t’en fais ce que tu veux, tu la partages avec qui tu aimes te réveiller, prendre le petit déjeuner, rire, ne rien faire, passer des nuits à parler ou à baiser. Le sujet n’est pas là.

FullSizeRender 2Juste un petit retour en arrière pour que tu comprennes où je veux en venir. Rappelle-toi. C’éatait le 2 avril dernier. Jour béni du Classico en Espagne. Le Real Madrid – ton équipe - affrontait le FC Barcelone au Camp Nou. Johan Cruyff, le Ronaldo néerlandais des Seventies, venait de mourir. Pendant la minute de silence, des « Cristiano maricon » ont fusé. « Maricon », l’équivalent espagnol de nos « tafiole », « pédé », « tapette ». En portugais on dit aussi « bicha ». « Cristiano est une tapette ». Alors, je vais te dire, tant que tu as le micro, tu devrais en profiter pour causer dedans le poste. Tu en profiterais pour rappeler deux ou trois choses aux assis-devant, pour lesquels tu es un modèle, une idole, un mec qui en a. Tu rappellerais, dans un milieu où tous les gays du football sont dans le placard des vestiaires, que nul ne mérite d’être moqué, pris à partie, insulté en raison de son orientation sexuelle ; ça ne préjugerait rien de ton orientation à toi, ça ferait seulement de toi un mec qui profite de sa notoriété pour être autre chose que des pieds en or et un sourire ravageur. Nike ton sponsor apprécierait, ce serait bon pour son image de marque : C’est vrai que pour l’heure, c’est son altr ego allemand adidas qui a ajouté une clause dans ses contrats, stipulant qu’aucune collaboration avec la marque ne pouvait être rompue en raison de l’orientation sexuelle de ses sportifs et de ses sportives. Mais ton équipementier stasunien n’a-t-il pas viré il y a peu le boxeur philippin Manny Pasquiao parce qu’il avait comparé les homos à des animaux ? Je suis sûre que chez Nike, on te saurait gré d’une jolie harangue pro LGBTQI.

D’avance merci pour eux, pour elles, et pour les ni eux ni elles.

Bisous (et pas plus de buts ce soir que les Bleus, mon gamin est pour la France)