Lors du débat télévisé qui l'a opposée à Emmanuel Macron mercredi dernier, Marine Le Pen a souvent évoqué, et ce très tôt dans la soirée, les homosexuels
- D'abord fielleuse, au nom de la "valeur famille", contrairement à Emmanuel Macron qui ne pensait pas, selon elle, "beaucoup aux familles" : " Dans votre cité, tout est à vendre et à acheter (...) les ventres sont à vendre et à acheter comme d’ailleurs Monsieur Bergé, qui est un de vos soutiens, nous l’a expliqué."
- Ensuite compassionnelle quand il s'est agi de dénoncer le prétendu soutien apporté par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) au leader d’"En Marche !", l'UOIF qui, selon ses dires, "invite à chacun de ses congrès des gens qui sont venus exprimer leur haine des juifs, leur haine des homosexuels, leur haine des mécréants." Compassionnelle encore quand il s'est agi d'évoquer le policier Xavier Jugelé, abattu par Karim Cheurfi, récidiviste violant son contrôle judiciaire "depuis un an et demi."
Passons sur l'intox des filières GPA. Passons aussi sur le raccourci Cheurfi, on se reportera avec profit aux éclaircissements apportés par Le Monde et Le Point (Unanimité rare qui dit assez la consternation générale face à la semi-démence de la candidate du Front national, démence à la Donald Trump, démence qui consiste à prendre les vessies du n'importe quoi pour les lanternes de l'objectivité.)
Passons enfin sur les accusations d'accointances du mouvement d'Emmanuel Macron avec l'UOIF. Pour info, c'est Frigide Barjot en 2013, puis Ludovine de la Rochère en 2014, deux actrices phares de La Manif pour Tous, qui ont été les invitées de l'UOIF. Frigide Barjot et Ludovine de La Rochère auxquelles Marine Le Pen emprunte quelques-unes de ses allégations mensongères sur la GPA.
Passons donc et ne retenons que le point suivant, récurrence de la rhétorique frontiste : comme il y a deux types d'immigrés, le "bon" et "le mauvais", il y a deux types de pédés. L'affaire n'est pas nouvelle. En 2010, à Lyon, pendant la campagne de la présidence du parti, Marine Le Pen affirmait déjà que “dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même Français ou blanc”. Un an plus tard, devenue présidente du Front National, elle appelait à la concorde nationaliste, dans un discours du 1er mai, étonnamment rassembleur : "Qu'on soit homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, chrétien, juif, musulman ou non croyant, on est d'abord français ! "
D'un côté les bons pédés, nouveau mythe de la droite extrême, l'homo "patriote" comme elle dit, celui qui met dans le même sac poubelle le musulman et l'intégriste, les souffre-douleur du terrorisme, de l'autre côté les mauvais pédés, qui colonisent le ventre des femmes, les pédés à la Bergé. Le nationalisme est mort, vive l'homonationalisme. Ou quand la cause homosexuelle n'est que le chiffon rouge à agiter sous le nez de madame Michou pour exciter son racisme et son rejet de l'autre. Notons au passage que, dans l'imaginaire frontiste, les lesbiennes n'existent pas. Vision sexiste et phallocentrée, à l'image du prétendu féminisme de la Le Pen, féminisme qu'elle et sa clique, Robert Ménard compris, avaient revendiqué après les agressions du jour de l'An 2016 à Cologne. Dans le même temps, Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de, parlait de supprimer les aides apportées aux plannings familiaux de sa région. Dans le même temps, Marine Le Pen, bien que n'ayant pas participé aux manifestations de La Manif pour tous, parlait d'abroger le mariage pour les couples de même sexe. Le Front Homonational survivra-t-il à son homophobie gay friendly ?
Nota. Si l'on veut approfondir le sujet, on lira avec profit l'article de Clément Parrot.