Vendredi 23 septembre dernier, nous célébrions la journée internationale de la bisexualité. Dans un même temps, la presse people titrait sur la relation naissante entre Cara Delevingne et Amber Heard, séparée depuis quelques mois de Johnny Depp.
Ces dernières années, nombreuses sont les filles à avoir révélé leur bisexualité. Et la presse féminine adore. Madonna, Angelina Jolie, Anne Heche, Amber Rose, Megan Fox, Drew Barrymore, Evan Rachel Wood, Lindsay Lohan, Michelle Rodriguez, Lily Allen, Kristen Stewart... Alors ? Assistons-nous là à la fin d'un tabou ? Cette journée internationale de la bisexualité a-t-elle encore une raison d'être ?
- Visibilité accrue et banalisation ne sont pas synonymes d'acceptation. Nombreux-ses bisexuels-les se sentent encore discriminé-e-s, méprisé-e-s ou moqué-e-s en raison de leur orientation sexuelle. En France d'ailleurs, où le rapport à la vie privée est plus complexe, les langues de nos stars se délient avec moins de facilité. A l'exception d'Enora Malagré, d'Emma de Caunes ou de Soko, qui pour s'affirmer bisexuelle ?
- Des deux côtés de l'Atlantique cette fois, où sont les garçons bissexuels ? La bisexualité ne serait-elle l'apanage que des filles ? A moins que l'on touche du doigt le premier des préjugés sévissant à l'endroit des bisexuels-les. Chez les filles, surtout si elles sont belles, riches et célèbres, la bisexualité c'est chic, excitant, sexy. Combien d'hommes pour penser que si les filles sont bisexuelles, c'est qu'elles sont fana de sexe, dotées d'une libido sans frontières, affranchies d'interdits? En deux mots, des cochonnes, open à tout, addictes du triolisme et de l'échangisme. Ainsi, certaines femmes préfèrent se dire bissexuelles plutôt qu'homosexuelles, histoire qu'on leur fiche la paix. Du côté des garçons, c'est le contraire : se prétendre bissexuel, c'est vouloir cacher son homosexualité. Presque tous préfèrent alors s'affirmer hétérosexuels.
Si pour certains-es, se dire « bi » est une manière commode de se soustraire à la stigmatisation de l’homosexualité, d’autres la vivent comme une orientation sexuelle à part entière, qui ne saurait être confondue ni avec l’homosexualité ni avec l'hétérosexualité. Dur, dur dans ce dernier cas, de faire taire les préjugés, aussi bien chez les hétéros que chez les gays et les lesbiennes. Des préjugés :
- D'immaturité affective et sexuelle quand la bisexualité est souvent perçue comme un « entre-deux » entre deux types de sexualité clairement affichés.
- De la recherche du glamour quand la bisexualité est perçue comme "tendance", comme un phénomène de mode
- D'inconstance amoureuse et de libertinage quand la bisexualité est perçue comme une addiction au sexe.
On se souvient du mot d'esprit de Woody Allen pour qui "être bi c'est avoir deux fois plus de chances le samedi soir." Etre bi, c'est surtout avoir du mal à être pris au sérieux. Alors oui, malgré les clichés amoureux de Cara Delevingne et d'Amber Heard, le 23 septembre 2017, nous serons encore là pour célébrer la journée dédiée à la bisexualité.
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