Quelques jours après la messe donnée à Nice en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet, messe à laquelle le quatuor Ciotti, Estrosi, Maréchal-Le Pen, Sarkozy avait assisté la mine confite, monseigneur Vingt-Trois a rendu à la droite la monnaie du denier du culte. En dénonçant dans le dernier paragraphe de son homélie "le silence des élites devant les déviances des moeurs et la légalisation des déviances" il s'est montré évangélique à la sauce Manif pour Tous.
Nihil novum sub sole (L'Ecclesiaste, chap.1, verset 9). Monseigneur Vingt-Trois, qui a présidé en août 2014 le synode des évêques sur la famille, n'est pas connu pour son ouverture en faveur du mariage pour tous et des familles homoparentales (On lira à profit l'article paru à ce sujet sur Yagg, auquel on pourra au passage s'abonner).
Si nous n'apprenons rien des idées de monseigneur Vingt-Trois, nous sommes affligé-e-s devant :
- Sa grossièreté : " La politique dans une oeuvre littéraire, c'est un coup de pistolet au milieu d'un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n'est pas possible se refuser son attention" écrivait le Stendhal de La Chartreuse de Parme.
Que dire de l'irruption de la politique dans une homélie ? Homélie prononcée dans le cadre d'une messe donnée en la mémoire du père Hamel, égorgé dans son église de Saint-Etienne -du-Rouvray par un garçon se revendiquant de Daech ?
- Son non-respect de la loi du 9 décembre 1905, loi entrée en vigueur le 1er janvier 1906, loi dite de séparation des Églises et de l'État : " Si un discours prononcé (...) dans des lieux où s'exerce un culte, contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois ou aux actes légaux de l'autorité publique, ou s'il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s'en sera rendu coupable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans..."
- Sa mauvaise foi : Comment ose-t-il, sans ciller sous sa calotte, sans suer sous sa chasuble, parler de "silence des élites devant les déviances des moeurs" quand l'église catholique couvre depuis toujours ses prélats pédo-criminels ? Il est où "l'intérêt de l'enfant" dont l'église et la frange intégriste de ses ouailles aiment tant se prémunir quand il s'agit de vouer aux gémonies les familles homoparentales ? Sans doute s'est-il volatilisé avec l'enquête visant le cardinal Barbarin, classée sans suite, enquête préliminaire ouverte en février dernier pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles sur mineurs. Y en aurait à dire sur "le silence des élites devant les déviances".