Les Londoniens ont voté. Et élu le 8 mai le travailliste Sadiq Khan. Depuis, la twittosphère frenchie daube par hashtags interposés. Certains en appellent à Churchill, d'autres hurlent au grand remplacement. C'est sûr que dans un pays où l'on préfère un maire raciste ou homophobe ou transphobe ou sexiste (ou les quatre) à un maire de confession musulmane, on ne peut rien comprendre à ce qui se passe de l'autre côté du Channel.
On ne peut rien comprendre à un pays dont la reine, aussi populaire que Beyoncé, a soufflé ses quatre-vingt dix bougies sur un gâteau confectionné et apporté par la gagnante de l'équivalent de notre Meilleur Patissier sans que le protocole ne s'insurge du fait que la jeune femme ait couvert ses cheveux ; à un pays où la même reine s'est fait tirer le portrait pour l'occasion par Annie Leibovitz, photographe des rock-stars, de tout ce qui brille et de l'intime, lesbienne et maman de jumelles nées d'une mère porteuse ; à un pays où ce qui compte c'est le talent de chacun-e, dans le respect de son identité.
Hé oui, tout le monde n'a pas la chance de vivre dans notre beau pays, aux valeurs modèles, où son Assemblée siffle la maman d'une victime de Mohamed Merah parce qu'elle porte un foulard, où l'on aime les philosophes au "gnagnagna" gargamélique, rivalisant avec le "Non mais allô" de Nabilla (A cette différence près que Nabilla n'a pas pris la défense en 2009 de Roman Polanski, poursuivi pour viol sur mineure ). Tout le monde n'a pas la chance d'avoir à la tête de ses hôtels de Ville, des maires loyaux et humanistes comme Patrick Balkany ou Robert Ménard, des maires qui, au mépris de la loi, refusent de célébrer l'union de couples homosexuels, des maires qui censurent les films (Georges Mothron, le maire d'Argenteuil, remonté contre le film La Sociologue et l’Ourson d’Etienne Chaillou et de Mathias Théry, présentant de manière ludique les débats autour du « mariage pour tous ») ou exigent le retrait de leurs affiches (comme Philippe de Beauregard, maire de Camaret, qui a demandé il y a quelques mois la censure de l'affiche du film de Catherine Corsini La belle saison). Vraiment, ils n'ont pas de chance ces pauvres Londoniens.