Sur 16 000 candidats ils n’en retiendront que 577 hommes et femmes, qui se présentent aux légisitatives. La moitié n’a jamais fait de politique. Comment sont-ils sélectionnés, comment sont-ils coachés pour devenir députés ? Enquête au coeur de la machine électorale “République en Marche”.
Nous avons eu accès au quartier général d’Emmanuel Macron à Paris. On l’appelle “le bunker”. Au 5ème étage, depuis plusieurs mois, la commission nationale d’investiture (CNI) se réunit 2 fois par semaine à huis clos. En exclusivité, ils nous ont ouvert leur porte.
La commission nationale d’investiture
Autour de la table, 14 personnes. L’état major d’en marche. Parmi eux : Stéphane Séjourné conseiller politique d’Emmanuel Macron. Christine de Veyrac ancienne deputée européenne ou encore Cedric O l’adminsitrateur du mouvement. Le président Delevoye fait un point sur l’affaire sensible du jour : Manuel Valls demande l’investiture de la « REPUBLIQUE EN MARCHE »
Jean-Paul Delevoye explique que l’ancien premier ministre ne répond pas aux critères, qu’il n’est pas adhérent En Marche !
En secret la Commision rend ses derniers arbitrages. Chaque circonscription, chaque candidat est passé au crible. Sur la table, on peut voir les dossiers épais des candidats. Avec des renseignements précis sur leurs identités, leurs traits de personnalité, des extraits de casiers judiciaires, un compte-rendu de leurs réputations sur internet. Pour s’assurer qu’ils sont irréprochables. Pour choisir le bon candidat, le mouvement a collecté encore d’autres informations sur leurs réelles motivations.
Les questionnaires des candidats
Les premiers éléments sont recueillis dès leurs inscriptions par internet. Nous avons rencontré, Emmanuel Lannelongue qui veut se présenter dans l’Oise. Pour postuler, il a refait son CV et écrit une lettre de motivation. A 54 ans, ce père de famille, salarié chez PSA n’a aucune expérience en politique. Sur internet il a répondu à un questionnaire : A-t-il déjà été élu ? Combien de temps peut-il consacrer à la campagne ? Connait-il le processus électoral ? Et d’autres questions plus précises comme pour un recrutement en entreprise sur ses motivations : Quelles raisons l’amènent à déposer sa candidature ? Pourquoi pense-t-il être un bon candidat ? Et puis il y a un mois, Emmanuel a reçu un coup de fil d’En Marche comme un entretien d’embauche. Sur ses soutiens locaux. Ses forces, ses faiblesses, et sur l’argent qu’il pourrait avancer pour la campagne, avant de se faire rembourser.
L’appel aux élus de terrain
Pour mieux cerner ses candidats, partout en France le mouvement a fait appel aux élus de terrain comme des députés. Ils connaissent leurs circonscriptions. Ils ont évalué les postulants, écrit des notes envoyées à Paris. Sur l’une d’entre elles, consacrée au département de la Loire, on peut lire au sujet d’une candidate :“elle a subjugué par le sens du contact, de l’argumentation, sa capacité d’écoute, d’analyse…”
pour un autre, “il a toute la rondeur nécessaire et incarne assez bien le renouveau pour espérer gagner”. Certains candidats seraient eux à prohiber, jugés peu fiables politiquement. Pour l’un d’entre eux, il est écrit : il est “passé par toutes les nuances de “Verts”.” Nous avons joint l’auteur de cette note, le député PS de la Loire, soutien d’En Marche! nous explique que c’est normal de faire appel au terrain pour éclairer la vision parisienne. Grace à tous ces éléments, la commission départage les candidats. Elle en a déjà désigné 14. Et sur le terrain, elle les coache.
Les nouveaux candidats coachés par les députés
Parmi les candidats déjà désignés, Mounir Mahjoubi c’est la première fois qu’il se présente, à Paris dans le 19 ème arrondissement. Pour lui, la campagne a déjà commencé. Pour ses premiers pas de candidats, le mouvement l’accompagne :Tout est là sur leur site intranet : un guide sur des questions juridiques ou budgétaires. Et en bonus les conseils pratiques des plus anciens : comme François de Rugy député écologiste.
La commission d’investiture dévoilera bientôt la totalité des candidats qui seront désignés. C’est une autre marche qui commencera alors pour ces nouveaux visages.