A Puteaux, Hauts de Seine, deux élus municipaux vivent dans des logements sociaux. Le premier loge dans un 3 pièces. Mais il est aussi propriétaire de trois appartements. Dont un qu’il a vendu il y a 5 mois : 228 000 euros. Tous ces biens sont à quelques minutes de son logement social…
Le deuxième vit dans 72 mètres carrés. Élu municipal, il est aussi haut fonctionnaire au ministère de l’intérieur. Selon nos informations, il gagnerait 7500 euros nets par mois. Un chiffre qu’il conteste. Pour avoir une idée des loyers pratiqués dans cette résidence, nous nous sommes procuré la quittance de loyer d’un logement équivalent à celui de nos deux élus. Pour 70m2 le loyer s’élève à 548 euros hors charges. Trois fois moins cher que dans le privé !
Comment expliquer que ces élus logent dans ces HLM ?
Ils nous répondu par mail, quasiment la même réponse. Ils affirment qu’au moment de l’attribution, ils y avaient droit : “ Je répondais parfaitement (aux critères d’éligibilité à un logement social). Depuis mon arrivée dans le logement, ma situation financière a un peu évolué et un surloyer a donc été appliqué” Un surloyer, c’est un supplément à payer quand le locataire gagne trop d’argent.
De combien est-il ? Ni les 2 élus, ni la mairie, ni l’organisme HLM n’ont souhaité nous répondre. Nous avons consulté le rapport établi par l’organisme qui contrôle les bailleurs sociaux, l’Ancols. A Puteaux, il a relevé de nombreuses anomalies : mauvaise application du surloyer, ou pas de surloyer du tout. L’office HLM doit payer une amende record : un million d’euros. Des accusations contestées par l’organisme HLM.
Une ville tente d’expulser les plus riches des HLM : Paris.
Dans cette résidence, après plus de 20 ans en logement social, une kinésithérapeute sera expulsée. C’est une première. Elle gagne trop ! En moyenne 5000 euros par mois. Elle loue 80m2, avec une grande terrasse, pour 1146 euros hors charge. A combien s’élève le loyer pour un logement privé équivalent ? Nous avons consulté des annonces immobilières dans le quartier. Nous avons trouvé un appartement de même surface, sans terrasse, à 2020 euros par mois. Dans son logement HLM, la kiné paie près de 900 euros de moins. Nous l’avons sollicitée, mais elle n’a pas souhaité répondre.
Parfois, c’est impossible d’expulser les occupants trop riches.
Un couple de dentistes vit dans un logement HLM du 17ème arrondissement de Paris. Ils ont longtemps payé 1300 euros hors charge, pour 100 mètres carrés. Moitié moins cher que dans le privé ! Ils y habitent depuis plus de 30 ans. Et leur bailleur Paris Habitat n’a aucune idée de combien ils gagnent. Sylvie Azogui, chef de service à Paris Habitat, leur a pourtant bien envoyé une lettre pour savoir s’ils ne sont pas trop riches pour être en HLM : « On a demandé à tous les locataires y compris les dentistes les déclarations de revenus, mais ce couple ne nous a pas envoyé les revenus, donc on applique un loyer dérogatoire, ça veut dire que leur loyer a fortement augmenté”. Eh oui les locataires ne sont pas contraints de donner leurs revenus. Seule solution pour le bailleur : augmenter leur loyer. Pour les dentistes, il est passé de 1300 euros à 2000 hors charges. C’est toujours 800 euros de moins que dans le privé.
Comment la dentiste explique-t-elle sa présence en HLM ?
“Je peux comprendre que tourné comme ça, ça choque. Je ne vais pas vous dire le contraire mais ça maintient quand même une mixité sociale. Sur ce plan là, je ne trouve pas ça choquant. Faire des ghettos, je trouve ça choquant”, déclare la dentiste. En plus d’avoir un loyer avantageux, le dentiste possède… une résidence secondaire, en bord de mer, dans ce petit coin de Normandie. En HLM et propriétaire d’une maison à la campagne … que peut faire le bailleur social ? “C’est déclaratif, les résidences secondaires, à partir du moment où un locataire n’a pas de revenus fonciers, on ne peut pas savoir. On peut être en logement social et propriétaire d’une résidence secondaire », explique Sylvie Azogui.
Dans 10 mois, une nouvelle loi entrera en vigueur pour mieux encadrer les revenus des locataires en logement social. Mais elle n’est pas rétroactive. Les dentistes, comme quelques autres, devraient donc rester dans leur HLM.