Vous êtes très nombreux à avoir réagi à la modification d’un panneau « Macron dégage », brandi par des gilets jaunes», en un inoffensif « Macron». Cela s’est passé au cours du 19/20 du 15 décembre. Il s’agissait d’illustrer l’intervention d’un envoyé spécial sur les Champs-Elysées.
La diffusion de cette photo retouchée a fait autant mal à la rédaction qu’à la vérité. Il y a eu apparemment erreur humaine, individuelle et non collective. L’enquête interne mettra à jour les mécanismes qui ont permis la mise à l’antenne d’une telle entorse à la déontologie.
Les mots que certains téléspectateurs emploient sont extrêmement durs. Je les reçois avec douleur mais en comprenant leur sévérité : « censure », « manipulation », « chiens de garde de Macron », « pourris » sont quelques-uns des qualificatifs employés dans les courriels adressés à la médiation de l’information.
Je pourrais bien-sûr arguer du fait que cette retouche « à la soviétique » d’une photo est bien trop grossière pour être suspectée de manipulation. Mais ce serait atténuer la faute inexcusable d’avoir diffusé une photo détournée de son sens originel.
Je pourrais également mettre en avant les sondages qui montrent que France3 (et plus largement le service public) est placé par les téléspectateurs en tête des médias traditionnels pour s'informer sur le mouvement des gilets jaunes. Cela malheureusement n’annulerait pas la faute éthique et déontologique.
A une époque de défiance, parfois violente, envers les journalistes on ne peut que craindre l’effet dévastateur de cette affaire sur notre capital confiance.
Reconnaitre sans faux-fuyant et en toute transparence cette faute, corriger les mécanismes qui l’ont permise, rappeler encore et toujours les principes déontologiques, voilà les seules réponses possibles pour sauvegarder cette si précieuse confiance. Accompagnées bien sûr de nos excuses.
Nicolas Jacobs
Médiateur de l'Information de France Télévisions