Jeune diplômée en médecine générale, je me suis installée il y a un an dans une zone déficitaire en médecin. Je m'attendais à un accueil aidant et chaleureux étant la seule à m'installer dans la zone...
L'installation en libérale est délaissée par les jeunes médecins qui préfèrent bien souvent le salariat. Au bout d'un an et la loi sur le tiers payant... Quelle déception que mes relations avec la sécurité sociale :
Après avoir été reçue pour m'y inscrire (à une heure de chez moi), j'ai dû y retourner à 3 reprises pour aller chercher des papiers qui auraient pu m'être envoyés par la poste, moi qui croulait déjà sous les démarches administratives...
Je suis favorable au tiers payant sur le principe car il permettrait de rétablir une égalité par rapport à l'accès aux soins dans la population mais voilà ce qui se passe derrière :
Au lieu d'avoir la somme d'argent correspondant aux consultations que j'ai fait chaque soir, j'attends que la sécurité sociale me rémunère ces consultations et là commencent les complications. Je reçois quotidiennement des refus de paiement pour des motifs tel que:
- votre patient n'a pas déclaré de médecin traitant
- votre patient a changé de numéro de sécurité sociale, merci d'utiliser son nouveau numéro
- votre patient est affilié à une autre caisse de sécurité sociale donc il faut que vous renvoyiez une autre feuille de soins ailleurs
- les droits de votre patient ne sont pas à jour
- etc ...
Je suis le secrétariat de la Sécu, qui me doit 1500 euros
Est-ce à moi, médecin généraliste, de gérer ce type de problème administratif entre la CPAM et le patient ??
J'ai chronométré, je passe plus de trois heures par mois sur ces consultations non payées.
Je dois remplir à nouveau des feuilles de soins, les renvoyer, vérifier les droits des patients, les rappeler ...
Je deviens le secrétariat de la sécurité sociale. Un patient est même venu me voir un jour pour me demander de refaire sa carte vitale. Mon compteur m'indique 1500 euros que me doit la sécurité sociale au bout d'un an...
Heureusement qu'il y a les patients pour me raccrocher au métier parce que vraiment la sécurité sociale a un mépris énorme pour notre profession.