A propos du (faux) débat lancé par l'information de Metro News, selon laquelle à Lyon, les étudiants en médecine sont encouragés à pratiquer des touchers pelviens (vaginaux et rectaux) sur des patientes endormies sous anesthésie générale (AG) au bloc opératoire.
L'hôpital universitaire, un lieu de formation
Tout d'abord, il faut savoir, et ce n'est, j'espère, pas un scoop, que les hôpitaux universitaires ont pour mission de former les jeunes (étudiant en médecine appelé "externe", étudiants infirmiers...) et moins jeunes (internes, chefs de clinique...) dans le domaine médical et paramédical. Ainsi, le patient est accueilli aux urgences par un externe qui parle ensuite du dossier à son chef, l'étudiante infirmière s'entraîne à perfuser, la sonde vésicale du patient au bloc est posée par l'étudiante infirmière sous l'oeil de la panseuse. En fait, il est du devoir de chacun d'être dans un souci de transmission de son savoir dans un CHU, et ce, pour TOUS les gestes et TOUS les aspects de l'examen clinique, en s'adaptant évidemment aux circonstances et au niveau de l'étudiant.
Les patients, en franchissant le palier d'un hôpital universitaire, plutôt que celui de la clinique privée acceptent de jouer le jeu même si cela est parfois pénible pour lui comme pour le médecin senior puisqu'ils doivent faire preuve de patience. En effet, il serait tellement plus rapide et efficace que tout soit réalisé d'emblée par le titulaire !
Par ailleurs, pour bon nombre de blocs uro-gynéco-digestif où le/la patient(e) est en position gynécologique, les touchers pelviens font partie intégrante de la prise en charge, du diagnostic et du traitement. Et à partir de là, il est du devoir du chirurgien de faire participer son étudiant en le faisant examiner le patient comme il l'a examiné lui-même.
Des pratiques encadrées
ll est facile de concevoir qu'un toucher pelvien est plus aisé et parfois plus informatif sous anesthésie générale puis que le patient est détendu. Evidemment il ne s'agit pas, ni pour un chirurgien senior, ni pour un étudiant, de faire un toucher vaginal à une dame qu'on opère de la cataracte ou un toucher rectal à un monsieur qu'on opère de la jambe. Les touchers pelviens ne sont, à priori, une partie de plaisir ni pour le médecin, ni pour le patient, ils sont donc pratiqués de manière circonstanciée.
De plus, rien n'est caché aux patients. Tous les gestes effectués au bloc sont rapportés sur le compte-rendu opératoire et le fait que des étudiants participent aux interventions chirurgicales (comme aux consultations ou à la visite dans le service) dans un CHU, n'est pas un secret.
Le bloc opératoire n'est pas un lieu intimiste
En plus, pour celles qui fantasmeraient sur les médecins pervers en pensant qu'on fait la queue leu leu pour leur faire un toucher vaginal, sachez que le bloc opératoire n'est pas un endroit intime. Il y'a les panseuses, l'anesthésiste, l'infirmière anesthésiste, le chirurgien, son interne et son externe, qui, au même titre que l'étudiant de chirurgie plastique peut apprendre à palper des seins (au bloc), que l'étudiant de chirurgie orthopédique peut apprendre à réduire une luxation (au bloc), apprendra à faire un toucher vaginal si l'intervention s'y prête (au bloc).
On aurait tendance à penser que les patients préféreraient être examinés tranquillement sous AG quitte à être examinée et par le chef et par l'étudiant plutôt qu'en consultation (même si c'est aussi souvent le cas), et bien je suis surprise de constater que ce n'est pas le cas de cette fameuse pharmacienne qui témoigne !
A quand le débat sur "pourquoi les pédiatres examinent les enfants tous nus", "pourquoi doit-on examiner les testicules d'un jeune homme qui a mal au ventre", "pourquoi doit-on effectuer un examen gynécologique à une femme qui fait une embolie pulmonaire", "pourquoi les dermatologues photographient les lésions des patients examinés nus puis les montrent ensuite à des centaines d'étudiants en médecine" ?