Une patiente d'une cinquantaine d'années s'est faite opérer de son cancer dans notre service. Une longue intervention de plusieurs heures pour espérer lui sauver la vie.
Malheureusement, elle doit être réopérée quelques jours plus tard, en pleine nuit, d'une complication (qui arrive fréquemment dans les suites du geste qu'elle a eu).
Dans les suites, contre toute attente, son état continue de s'aggraver. La patiente est transférée en réanimation. Plusieurs réunions réunissant au moins 2 spécialités chirurgicales et les réanimateurs sont organisées pour essayer de comprendre la nature du problème qui cette fois, n'est pas typique.
On la réopère à nouveau, quelques jours plus tard, en pleine nuit. Plus de 7h d'intervention.
4 interventions chirurgicales au total pour cette patiente et des heures de discussion avec la famille et entre médecins autour de son cas.
Semaine éprouvante physiquement et psychologiquement pour les équipes médicales qui s'en sont occupées.
Finalement, au terme de cette semaine d'opérations et ré-opérations, la patiente meurt.
Tous les médecins sont anéantis, ce d'autant plus que la patiente est jeune. Tous ces efforts pour sauver la dame, en vain.
Premier réflexe de la famille : porter plainte.
Personne ne leur en veut bien sûr. La nouvelle est dramatique pour eux, c'est compréhensible de chercher un coupable.
Mais c'est presque un peu blessant car nous aussi sommes accablés. Nous ne sommes pas des robots. Au final, le cas de ce patient sera rediscuté à froid, quelques mois plus tard, en réunion pluridisciplinaire avec tous les médecins s'en étant occupés ainsi que des médecins extérieurs, il n'y a pas eu de faute médicale.
Mais il y a ce que l'on appelle l'aléa thérapeutique : même quand les équipes médicales font du mieux qu'elles peuvent, ça peut foirer quand même.