Test de virginité

2:00 du matin, aux urgences gynécologiques, je reçois une mère de famille, dont le motif de consultation est : "désire un test de virginité pour sa fille".

Ce n'est vraiment pas un motif de consultation habituel !

La femme est, en effet, accompagnée de sa fille de 14 ans.

Je commence à l'interroger sur la raison de cette venue si tardive aux urgences.

" Docteur, vous vous rendez compte, j'ai surpris ma fille de 14 ans, cet après-midi, en train d'embrasser un garçon dans la rue. Je viens vous voir en urgences pour savoir elle est toujours vierge. Pouvez vous l'examiner pour le savoir ? "

Deux attitudes possibles à adopter face à cette femme :

- soit je lui explique (sur un ton légèrement contrarié) que les consultations aux urgences sont réservées aux cas par définition "urgents", que 10 patientes sont en train d'attendre et qu'à 2h du matin, sa fille de 14 ans devrait être au fond de son lit ... Au final, la maman s'en irait, en colère, sans avoir compris ma réaction qui aurait pris l'air d'une leçon de morale !

- soit je prends le temps de lui expliquer pourquoi je n'examinerai pas sa fille de 14 ans, qui restait par ailleurs pétrifiée à coté de sa mère. En effet, c'est d'une part un examen assez traumatisant pour une jeune fille (et ce d'autant plus si elle est réellement vierge) et d'autre part, même si la jeune fille est mineure et sous l'autorité de sa mère, je ne peux ni l'examiner contre son gré ni lui faire passer des tests sanguins (à la recherche des infections sexuellement transmissibles comme le VIH).

J'opte pour la deuxième solution, ce qui me permet de comprendre que derrière cette demande, complètement farfelue et déplacée, se cache l'inquiétude d'une mère pour sa fille.

Après une longue discussion avec la maman, et n'ayant toujours pas entendu le son de la voix de la jeune fille, je parviens à lui faire entendre le caractère traumatisant, aberrant et non urgent de son motif de consultation. Je lui conseille d'entreprendre un dialogue avec sa fille plutôt que de lui faire connaitre notre ami le spéculum.

Bien que je n'ai pas cédé à sa demande, la maman est repartie en me remerciant pour mon écoute ... mais en me disant malgré tout qu'elle irait consulter son médecin traitant le lendemain !

 

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Non classé