La guerre des poux

On ne dit pas : “Ma fille a des poux” mais “Ma fille est revenue du parc avec des poux”. Parce que, vous comprenez, c’est déjà assez pénible de devoir avouer la chose. Donc c’est tout à fait important de souligner que l’innocente n’est que la victime de la vermine : les petits parasites intelligents er pervers ont sauté dans sa tête pour poursuivre leur noir dessein de conquête du monde.

Le problème après, c’est que, quand je regarde dans la tête de ma fille, je découvre que ça danse la salsa de partout, ce qui laisse présager que les poux n’étaient peut-être pas en embuscade dans le parc mais dans la tête de ma fille depuis un certain temps.

Le problème, c’est aussi d’avouer publiquement que ma fille a des poux. Vous crevez d’envie d'ajouter : “Mais moi, je n’en ai pas”, sauf que vous avez déjà un doute. Que la seule évocation des petites bêtes vous donnent une furieuse envie de vous gratter la tête. Et que de toute façon, toutes les personnes qui vous ont entendues ont déjà fait un pas en arrière.

Le problème, c’est de plaquer la gamine au sol pour lui mettre le Parapoux, vu que la gueuse, non contente d’être un nid à parasites, trouve que ça sent mauvais, le pschiit, et qu’il est hors de question qu’on lui colle ça dans la tête.

Je me console en me disant que ça m’arrive en été, ce qui m’évite de laver les bonnets, les manteaux, les écharpes et les pulls. Je n’ai qu’à changer les draps et les pyjamas. Mais je sens que ce n'est que partir remise. Le début d’une longue histoire passionnelle entre eux et nous, si je me fie à mon expérience personnelle.