La première journée du printemps

© FLICKR / BELGIAN CHOCOLATE

Cette journée, j'y pense depuis le milieu de la semaine, dès que je me suis aperçue qu'on allait prendre 9 degrés en 24 heures. Grande nouvelle : le printemps arrivait vraiment et on avait tous rencard avec le soleil dimanche. Dès vendredi, j'ai commencé à répertorier les multiples activités qu'on allait pouvoir faire à l'extérieur. Dans les transports en commun, j'étais au bord du vertige en imaginant cette foule obnubilée par le même objectif que moi : pique-niquer dimanche.

Dès l'ouverture des magasins, samedi, je suis donc allée chercher le nouveau vélo de mon fils. Il a pédalé dans la galerie commerciale au son du piano mécanique en slalomant entre les clients, on a joué au chat et à la souris avec les vigiles, j'ai bu un café latte en terrasse en le regardant rouler sur l'esplanade. Tout cela avait un avant-goût du bonheur. Si le samedi était aussi cool, le dimanche allait déchirer.

© Emma Defaud

© Emma Defaud

C'était sans compter sur le génie destructeur de mes enfants.

C'est vrai, j'avais un peu abusée des sorties et de l'alcool, ragaillardie que j'étais à l'idée de mettre fin à huit mois de gris et de pluie. J'ai cru que j'étais jeune et qu'il fallait profiter de chaque instant. Or, je suis maman et je dois consacrer chaque parcelle de temps libre à amasser des minutes de sommeil en vue des moments critiques.

Samedi au moment de la sieste, mon fils a haché menu mon sommeil en me tenant au courant de son existence à chaque fois que je sombrais. Dimanche, il a poussé un hurlement de terreur vers 6h45 car sa veilleuse s'était éteinte. Il a été privé d'argent de poche et de tablette, moi, j'étais privée de sommeil. Dans mon lit, j'ai réfléchi à la prolifération des enfants qui réduisaient leurs géniteurs en esclavage. Puis, j'ai préparé le pique-nique et on est parti tôt dans un parc pour notre belle journée au soleil. Mon fils a tapé sur un caillou avec un bâton en s'ennuyant. J'ai tenu deux heures les yeux mi-clos. Avant de rentrer à la maison et de comater le reste de la journée. Les Parisiens auxquels on a cédé notre place de parking à 14 heures à Boulogne ont dû croire que Dieu existait étant donné la folie furieuse de la journée. Alors que le pouvoir de nuisance d'un seul enfant suffit.