JE ME SOUVIENS…

© Docside / ZED

L’aventure du blog touche à sa fin, en fait le billet ci-dessous est le dernier. Bon allez rangez vos mouchoirs en tissu, pas de larmes, car l’aventure du zéro déchet continue, c’est la vôtre maintenant !
Vous avez été nombreux après la diffusion du film à me manifester votre soutien et à partager avec moi vos aventures vers le zéro déchet. Vous avez été aussi très nombreux à exprimer votre envie d’ « essayer ». Un grand merci pour vos témoignages.

JE ME SOUVIENS de quelques anecdotes de tournages et de petites -mais nécessaires prises de conscience- que j’aimerais partager une dernière fois avec vous ici.

 

JE ME SOUVIENS du tout début de l’expérience, quand je lance une demande de tournage pour filmer l’incinérateur d’Ivry, celui qui brûle mes déchets. Refus polis du syndicat intercommunal… J’insiste, encore et encore, mais rien à faire… Je dois me contenter de la visite de l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux, doté d’installations flambant neuves. C’est beau de l’extérieur mais dedans, les monticules d’ordures s’accumulent toujours dans la fosse géante. Je prends conscience de l’importance de transformer mon rapport aux déchets.

 

JE ME SOUVIENS de mon vol vers l’Italie, quand j’emmène dans ma valise mes ordures de la semaine. Je me demande ce que je vais bien pouvoir raconter si les douaniers fouillent mes bagages…

 

JE ME SOUVIENS de ma rencontre avec Rossano Ercolini, le père du premier territoire européen zéro déchet en Europe : Capannori. Il y a une dizaine d’années, ce professeur a convaincu les habitants de réduire le poids de leurs déchets pour empêcher la construction d’un incinérateur. La municipalité multiplie le nombre de collectes différenciées (compost, cartons et papiers, verre, huiles usagées etc.), met en place la redevance incitative (plus on jette, plus on paie) et crée un réseau de vrac. En quelques années, la ville réduit ainsi de 30% sa production annuelle de déchets et en recycle plus de 80% !

 

JE ME SOUVIENS de cette interminable poignée de main avec Anne Hidalgo. La Maire de Paris est pressée ce jour-là et n’a pas le temps de parler avec un journaliste expérimentateur. J’ai pourtant mis les formes (emails, nombreux coups de fil aux chargés de com’). En la voyant s’éloigner, je comprends subitement que la route est encore longue avant que ma ville ne fasse comme Capannori.

 

JE ME SOUVIENS du chroniqueur de l’instant M, Bruno Donnet, qui fait le match entre Terra de Yann Arthus Bertrand et Ma vie zéro déchet. Il aurait préféré que le documentaire de Donatien Lemaître, « que personne ne connaît », soit programmé en première partie de soirée. J’en ris encore.

Et maintenant ?

Après six mois d’expérience, avec ma compagne et ma fille, nous sommes passés sous la barre cruciale des 1kg de déchets produits par semaine. Ce résultat relève, vous l’aurez compris, de la performance.

Alors oui, après la fin de l’expérience, j’ai continué sur ma lancée, mais pas sur tous les fronts et ni de façon aussi radicale… Depuis la fin de l’expérience, je suis en moyenne à moins de 10kg de déchets par semaine (je compte tout : le recyclable et le non-recyclable). Soit une réduction de 2/3.

J’ai gardé pas mal de réflexes de mon expérience : je trie comme Terminator, je vais toujours au marché, je consomme au maximum en vrac et je continue de mettre mes biodéchets dans le composteur d’un jardin partagé voisin.

50 % de déchets en moins, voilà un objectif que chacun pourrait facilement se fixer au quotidien !

Alors n’hésitez pas à vous lancer à votre tour dans ce voyage incertain, mais Ô combien enrichissant et fertile !

 

Donatien Lemaître