Tout part d’un souvenir lointain, mais persistant…
Une image qui est bientôt devenue une obsession. Moi le parisien, je vois cette usine d’incinération écraser l’horizon et transformer le ciel en ciment depuis que je suis gamin…
Chaque été, alors que la famille filait sur le périph’ pour prendre la route des vacances, j’observais l’incinérateur géant depuis la vitre arrière de la voiture de mes parents…
Et un jour, la curiosité de l’enfant s’est transformée en préoccupation d’adulte : a-t-on nécessairement besoin d’un tel monstre pour digérer nos déchets ? N’existe-t-il donc pas d’alternative ? Et un jour, j’ai entendu parler du mouvement Zero Waste venu de la côte ouest des Etats-Unis. Il s’agit d’une démarche positive pour réduire au maximum sa production de déchets et pour la recycler. A terme et appliqué à l’ensemble de la société, ce scénario évite d’envoyer nos déchets dans les décharges ou les incinérateurs. Intéressant… même si ce voyage vers le zéro déchet semble totalement utopique quand je vois la quantité d’ordures que l’on génère, même en vivant assez simplement.
Mais pourquoi jette-t-on autant ?
Certainement parce que la croissance, l’industrialisation et l’essor de la société de consommation sont particulièrement gourmands en déchets…
C’est dans ce monde-là que j’ai grandi, sans vraiment le choisir, et c’est dans ce monde-là que je vis aujourd’hui avec ma femme et ma fille.
Comme tous, je produis des déchets, c’est inévitable. Mais quand j’essaie de les trier, ça se complique. J’ai toujours l’impression de mal m’y prendre, de ne pas savoir quel déchet va dans quelle poubelle… Je suis l’un des habitants des 84 communes franciliennes qui chaque jour gave un peu plus les incinérateurs de la région… Chaque année en France, un habitant produit à lui seul 500 kg d’ordures ménagères ; c’est beaucoup, mais c’est typique d’un continent industrialisé comme le nôtre. Sauf que chez nous, en France, 30 % de ces déchets finissent en incinérateur, 36% en décharges et seulement 20% terminent dans des filières de recyclage et 14% en gestion dite « biologique », c’est-à-dire en compostage ou méthanisation des déchets organiques. Et si on se penche sur ma ville, Paris, ce sont 60% des déchets qui partent à l’incinérateur.
…Alors aujourd’hui, pour comprendre où je me situe dans la chaine des déchets, pour voir ce que je peux changer, j’ai pris une décision radicale : pendant six mois, je vais essayer, à ma petite échelle de ne plus jeter du tout, donc de ne plus créer aucun déchet… Et de recycler au maximum ceux que je crée. Ce qu’il me reste dans ma poubelle…
Six mois pour ne plus rien jeter
C’est le temps qu’il me semble nécessaire pour y arriver… mais ce n’est pas une science exacte, c’est surtout un cadre que je me fixe. Pour atteindre cet objectif zéro déchet, j’irai à la rencontre de ceux qui pourront m’aider dans ma quête ; je pousserai les portes des institutions et des collectivités ; j’irai chercher des réponses et des solutions partout où elles voudront bien de moi.
Et pour raconter mon expérience, je me filmerai au jour le jour. Ces images nourriront le film documentaire qui passera prochainement sur France 2 « Ma vie zéro déchet », mais aussi mon blog. En plus des dossiers thématiques élaborés par l’équipe de Zero Waste France, je partage ici de courtes vidéos que j’ai réalisées avec Dorothée Lachaud, certaines sont des billets d’humeur, d’autres des rencontres avec des acteurs du zéro déchet ; ceux et celles qui se mobilisent au quotidien pour changer la donne et qui m’ont grandement inspiré. Merci à eux pour leur soutien et leur écoute.
Bienvenue au cœur de mon voyage vers le zéro déchet !
Donatien Lemaître