Aujourd'hui, 27 janvier, on commémore le 70e anniversaire de la libération d'Auschwitz-Birkenau, là où 1,3 millions de juifs ont été exterminés. 300 survivants présents, 42 pays représentés, l'heure est au recueillement et au devoir de mémoire
Sauf que le sujet de la Shoah va au-delà de cette seule évocation du passé et du "plus jamais ça" (même si depuis, il y a eu d'autres génocides, le Cambodge et le Rwanda). La Shoah est toujours dans l'actualité, cristallisant un profond malaise de notre société. Et cette transmission de la mémoire se trouve parasitée de toute part par des sujets annexes qui en détournent le sens. Nous avons donc droit à toutes les théories d'un vaste complot juivo-maçonnique qui n'en finissent pas de décréter que nous sommes sous l'emprise d'une main invisible qui s'est même accaparée l'Histoire mémorielle. Nous devons subir toutes les voix véhémentes qui entretiennent une malsaine concurrence des malheurs (oui, l'Histoire est remplie d'horreurs, personne ne le nie et la France a par exemple reconnu en 2001 que l'esclavage était un crime contre l'humanité). Et puis, il y a le conflit israélo-palestinien qui, non content de s'exporter en France, fait que certains mélangent "Israël", "juif", "antisionisme", "antisémitisme" dans un grand n'importe quoi sémantique. Même le passé et le présent se troublent et on en vient à railler la Shoah alors que ces six millions de morts - tués car juifs - ne sont pour rien, mais alors pour rien, dans la politique actuelle de Benyamin Netanyahou. Et pour cause, Israël n'existait même pas quand ils ont été exterminés. C'est bête à dire mais parfois, on a l'impression que ce n'est pas clair pour certains.
Avec tout ça, le nombre d'actes antisémites a augmenté de 101% en 2014 et l'enseignement de la Shoah, dans certains collèges et certains lycées, devient difficile voire parfois impossible.
De quoi avoir la nausée et se dire qu'il faut à nouveau éduquer, expliquer, et finalement convaincre sur un sujet qui, par son horreur absolue, devrait tous nous rassembler. Il y a des tas d'archives, des documents à foison, des livres de témoignages, de films de fiction pour essayer de relater l'inimaginable (et faire taire d'insupportables propos négationnistes). Il y a aussi des chansons et parmi elles, Nuit et Brouillard de Jean Ferrat, sortie en 1963, est l'une des plus fortes et des plus célèbres. Peut-être car le père de Ferrat était lui-même mort à Auschwitz.