Les jurés peuvent-ils condamner un deuxième homme pour un même crime? C'est la question qui se pose actuellement devant la cour d'assises de Paris.
Pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot en décembre 2001 sur le pont de Neuilly, Marc Machin a été condamné deux fois à 18 ans de réclusion criminelle. Puis, après les aveux circonstanciés d'un SDF de 33 ans, confondu par son ADN, le crime a été attribué en février dernier par la cour d'assises des Hauts de Seine à David Sagno. Ce dernier fût condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
Marc Machin comparait pour la troisième fois devant une cour d'assises. Cette dernière siège en appel, puisque c'est la seconde condamnation qui a été annulée par la cour de révision. En début d'après midi, il a été amené à retracer sa vie. un parcours malheureusement sans surprise dans une telle enceinte. Violence conjugale, divorce, séparation, placement en famille d'accueil, déscolarisation, et plongée dans la petite délinquance. "J'ai cumulé échec sur échec" explique-t-il à la barre. Une enfance et une adolescente chaotique n'explique jamais tout. Ne justifie jamais tout.
Les jurés ont face à eux un accusé et une problématique hors du commun. Il se dit innocent du crime dont il fut condamné. Un autre homme purge une peine lourde pour ces faits. Marc Machin attend, à juste titre, que la cour prononce à son égard un acquittement.
Autrement dit ne pas noircir un casier judiciaire qui au fil des années s'est déjà un peu rempli. Un première condamnation pour agression sexuelle par le tribunal des mineurs. Puis une seconde pour le même délit. Interrogé par la présidente des assises, il raconte son dérapage de la même façon. "La jeune femme portait une jupe courte, un décolleté. Elle était sexy".
A ces condamnations, la présidente ajoute celles pour vols, dégradations de biens, détention de stups, recel de portable en milieu pénitentiaire, violences à l'encontre d'un surveillant de prison qui lui valent 4 mois ferme.
Remis en liberté dans la présente affaire, M. Machin a été réincarcéré en 2009 pour trois nouvelles agressions sexuelles, dont deux contre des mineures. Ce furent ainsi trois ans de prison qui se sont rajoutés sur son CJ.
Marc Machin est l'illustration parfaite de la spirale judiciaire et carcérale. Il a été condamné pour le meurtre du pont de Neuilly pour avoir avoué et eu égard à son casier judiciaire d'adolescent.
Ses condamnations et sa détention de près de 7 ans pour ce crime qu'il n'a pas commis, ont fait de lui un "rebelle à fleur de peau", comme il le déclare à la barre.
Les jurés de la cour d'assises de Paris ont donc devant eux un délinquant âgé de 30 ans. Mais surement pas un criminel.