Sûrement un sentiment de fierté et d'inquiétude. Martine Ract-Madoux vient d'être élue par l'assemblée générale des magistrats hors hiérarchie du siège de la cour de cassation , au poste de présidente de la Cour de Justice de la République.
Fierté, car les hauts postes occupés par des femmes sont rares.
Fierté, car elle est le troisième magistrat à accéder à cette responsabilité. Elle succède au président Hugues Le Gall, parti à la retraite et à Jean-Pierre Feydeau, décédé au cours de son mandat.
Inquiétude car la magistrate n'est pas sans savoir que les jours de cette juridiction sont comptés. La cour de justice, seule habilitée à juger les ministres pour des fautes commises lors de leurs fonctions ministérielles, est dans le collimateur du pouvoir exécutif.
Durant sa campagne électorale, François Hollande avait annoncé son intention de la supprimer. Intention qu'il a renouvelé la semaine dernière au cours de sa conférence de presse après la remise du rapport Jospin.
Enthousiasmant sans doute d'accéder à un poste en sursis! Martine Ract-Madoux est bien connue des journalistes judiciaires. Elle a longtemps présidée la chambre correctionnelle à Paris chargée des affaires de presse. Elle a également présidée le procès en appel des emplois fictifs à Versailles, à l'issue duquel Alain Juppé a vu sa peine réduite de 10 à 1 ans d'inéligibillité.
Quant à la Cour de justice de la république, elle fonctionne aujourd'hui au ralenti. Le dernier procès fût celui de Charles Pasqua. Aucun autre homme politique n'est renvoyé devant sa juridiction de jugement. En revanche, il reste toujours à l'instruction le dossier concernant Christine Lagarde dans le contentieux Tapie/Crédit Lyonnais.