Les psychiatres sont sur la sellette

Danièle Canarelli (à droite) avec son avocat (Photo La Provence)

Les psychiatres sont au centre de deux procès qui se tiennent cette semaine.

D'abord celui du jeune Andy, que nous évoquions hier ici même et dans le JT de 20 heures. Dans ce cas, il s'agit de spécialistes qui interviennent à la barre en tant que témoins. Ils doivent aider les jurés à se faire une opinion sur la santé mentale du jeune homme au moment des faits. Enjeu délicat dans la mesure où, on le sait, les huit experts qui ont rencontré l'accusé ne se sont pas mis d'accord sur la question de la responsabilité mentale de celui-ci. En conséquence, la chambre de l'instruction de Bastia a décidé de confier cette lourde tâche aux jurés populaires et aux magistrats qui composent la cour d'assises d'Ajaccio.

Les experts sont dans le collimateur des avocats et des juges, principalement depuis l'affaire catastrophique d'Outreau. La légitimité de leur expertise a été remise en cause quand, par exemple, ils ont jugé crédibles les témoignages d'enfants victimes. Il y eut enfin la phrase dévastatrice de l'un d'eux, Jean-Luc Viaux, au cours du procès en appel de cette affaire. "Quand on paye 15 euros des expertises au tarif d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage."

Ensuite, il y a le procès qui s'est tenu cet après-midi à Marseille devant le tribunal correctionnel. Une psychiatre est poursuivie pour homicide involontaire. On lui reproche d'être indirectement responsable de la mort d'un vieil homme par un patient connu comme dangereux. L'assassin avait été déclaré à plusieurs reprises pénalement irresponsable. Il est donc aux mains des psychiatres et non des magistrats. Danièle Canarelli, la psychiatre jugée, n'intervenait pas en tant qu'experte mais en tant que soignante. La justice lui reproche de ne pas avoir appréhendé la dangerosité de l'individu à sa juste valeur. Ainsi, en lui accordant une permission de sortie, ce médecin aurait favorisé l'acte criminel. C'est en tout cas ce que pense la famille de la victime et l'accusation.

A Ajaccio, les jurés diront ce qu'aurait dû être la position des experts psychiatres. A Marseille, le tribunal dira, dans quelques semaines, si la psychiatre a commis une faute non seulement professionnelle mais pénale.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique