On ne sait pas s'il faut s'en réjouir, ou s'il faut s'en révolter. mais l'audience disciplinaire ce mation devant le CSM avait quelque chose de surréaliste. le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke comparaissait pour répondre de griefs. Alors qu'il instruisait le dossier des Frégates de Taiwan, il a été, malgré lui, mêlé au dossier Clearstream. Tout commence pour lui par un rendez-vous secret qu'il a en 2004 avec Jean Louis Gergorin, le corbeau, à la demande de celui-ci, en présence de l'avocat de ce dernier, M° Thibault de Montbrial.
Pascal Clément, alors Garde des Sceaux, demande au Pdt de la cour d'appel de Paris, de se prononcer sur cet épisode digne d'un film policier. Le haut magistrat n'y voit pas matière à sanction, ce qui n'empêche pas le ministre de la justice de saisir le 13 février 2007 le CSM. Cette instance en novembre de la même année décide d'un sursis à statuer, en attendant la fin de la procédure qui vise entre autres Dominique de Villepin pour dénonciation calomieuse. Depuis le CSM a subi une réforme constitutionnelle, un changement dans sa formation. Le Conseil reprenait tout à zéro ce matin. Avec une formation dans laquelle les magistrats étaient nettement minoritaires. De nombreux magistrats qui composent cette noble assemblée ont en leur temps apporter leur soutien au juge poursuivi, ils ont donc du rester en coulisses.
On reproche à RVR, trois griefs. Non seulement son audition hors saisine de JL Gergorin. Ce à quoi, l'intéressé répond que si les juges ne travaillaient pas à partir d'informateurs, de lettres anonymes, il n'y aurait plus aucun dossier de terrorisme, de stup, ou de délinquance financière. Et il n'y en a déjà pas beaucoup....
Deuxième grief, son manque de loyauté vis à vis de la juge Dominique de Talancé, qui était en co-saisine avec lui sur les Frégates, et des juges d'Huy et Pons qui instruisaient le dossier Clearstream. RVR conteste ne pas les avoir informé et leur reproche de ne pas avoir été plus communicants à son égard. "Ils savaient des choses. Ils ne m'ont rien dit". Ambiance au pôle financier.
Troisième grief: le juge aurait manqué à son devoir de réserve.
Lors de la précédente audience, en 2007, le directeur des services judiciaires de la Chancellerie, avait retenu un seul grief. Le deuxième. Il avait demandé alors une réprimande. Comme plus tard contre le juge Burgaud. En 2012, on retient la trilogie. Mais la directrice actuelle créée la surprise en annoncant assez vite que le ministère de la Justice ne demandera pas de sanction contre le juge. L'ordre est venu de la ministre elle même. Question, si la droite était toujours en place, quel sort aurait été réservé au magistrat?
RVR se déclare indigné. Indigné d'avoir attendu 5 ans et 8 mois. Indigné du procès qu'on lui fait. Indigné qu'aujourd'hui, tout en maintenant les griefs, on abandonne les poursuites. "S'il n'y a pas de sanction, il n'y a pas de grief" constate-t-il justement.
Alors pourquoi cet acharnement? Pour l'intéressé, la réponse est claire. Il s'agissait d'une "tentative de déstabilisation vis à vis d'un magistrat qui instruit depuis des années des affaires sensibles, politiques. Il s'agissait aussi d'envoyer un signe aux juges d'instruction et cela quelque temps avant que Nicolas Sarkozy annonce sa volonté de les voir disparaître du paysage judiciaire".
Affaire Ramatuelle-Boulin, affaire Dickinson, Affaire Elf, affaire Frégates de Taiwan, .....Depuis 30 ans, le juge Van Ruymbeke a toujours mis en exergue son attachement indéfectible à l'indépendansce. Même quand il était au parquet, qu'il a de ce fait quitté assez rapidement.
Pendant ces presques années de procédure disciplinaire, la carrière du juge a été gelée. Son nom avait été retiré de la transparence pour un poste de président de chambre d'appel.
Ce matin il était visiblement meurtri par ce temps perdu et par cette injustice. Alors qu'il est un des juges financiers les mieux notés par sa hiérarchie et ses collègues, il est montré du doigt par le ministère qui aujourd'hui dépose les armes.
Il doit désormais attendre le 17 octobre pour attendre la décision du CSM. Blamé ou réhabilité, que fera-t-il? Il retournera sans doute à son cabinet pour continuer d'instruire le dossier Karachi. Où là aussi , il rencontre les pires difficultés pour approcher la vérité. "Dans l'affaire des frégates, précise-t-il, j'ai demandé par quatre fois la levée du secret défense. Quel que soit les gouvernement en place, la réponse a été la même. 4 refus".