Dans un avis publié ce matin dans le Journal Officiel, Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, plaide pour une amnistie pour les délinquants condamnés à des peines légères. Selon le demandeur, ces dernières doivent avoir été prononcées avant le 1 er janvier 2012, et ne pas avoir été exécutées.
Pour M. Delarue, cette amnistie serait une soupape de sécurité face à la surpopulation carcérale. Les derniers chiffres de l’administration pénitentiaire sont éloquents. 66 915 détenus au 1er juin. Soit une augmentation de 3% par rapport à l’an passé à la même date. Un chiffre qu’il faut toujours mettre en parallèle avec le nombre de places dans nos établissements pénitentiaires : 57 127. Autrement dit une surpopulation qui s’élève à 117,3%.
L’amnistie, qui a été souvent la règle à l’occasion du 14 juillet, n’est plus de mise depuis 2007. Dès la première année de son mandat, Nicolas Sarkozy, contrairement à ces prédécesseurs, s’est opposé à cette tradition.
Aussitôt la position du contrôleur général Delarue connut, le député UMP de la Gironde, Jean-Paul Garraud, magistrat de formation, s’est fendu d’un communiqué intitulé « nouvel encouragement à la délinquance ! »
Le secrétaire général chargé de la Justice à l’UMP écrit : « M. Delarue cache mal le jeu du Gouvernement avec cette annonce et on se doute bien que dans quelques semaines, si elle est toujours ministre, Mme Taubira annoncera une grande loi d’amnistie ».
Mauvaise prévision de M.Garraud. A la sortie du conseil des ministres de ce matin, les deux ministres chargés de la justice se sont prononcés hostiles à la proposition de J-M Delarue. Pour la garde des Sceaux, la solution à la surpopulation carcérale est dans « une politique pénale claire qui dit très clairement quelle est la place de la prison ». De son coté, Delphine Batho, la ministre déléguée à la Justice, chargée en autre de l’aménagement des peines et des droits des victimes, a estimé que cette décision serait « un très mauvais signal dans la lutte contre la délinquance ».
Christiane Taubira et Delphine Batho ont enfin rappelé que lors de la campagne présidentielle, François Hollande s’était déclaré hostile à une loi d’amnistie. Tant pour les délits routiers que pour les petites peines de prison.
Un message envoyé aux détenus et que M. Garraud a surement entendu aussi.