L'absence définitive de Jacques Chirac fait que Michel Roussin, un de ses anciens directeurs de cabinet à la Mairie de Paris, est le premier à essuyer la rafale de questions du président Pauthe.
Michel Roussin a commencé sa carrière comme gendarme avant d'entrer à la préfectorale. Il est devenu à partir de l'année 1983, un des très proches collaborateurs de l'ancien président de la république. A la barre, il rappelle qu'à une certaine époque, Chirac cumulait les postes de Premier ministre, Maire de Paris et président du RPR.
Ce n'est pas la première fois que Michel Roussin se retrouve face à un tribunal. Ces fonctions près de Jacques Chirac lui ont valu plusieurs mises en examen ainsi que plusieurs jours de détention préventive à la prison de la santé dans l'affaire des marchés publics de la Ville de Paris. Habitué des tribunaux, il sait donc désormais manier les mots.
Aujourd'hui encore, il fait donc preuve de prudence dans ses réponses: se souciant de sa propre défense et s'empêchant de mettre à mal celle de ses co-prévenus. Bref, le préfet fait dans la diplomatie.
Interrogé par le président du tribunal sur la gestion des chargés de mission, question au centre du dossier des emplois présumés fictifs, le prévenu Roussin tient avant tout à rappeler les fonctions du directeur de cabinet qu'il était et qui lui vaut cette nouvelle comparution. "Une charge de travail énorme" précise-t-il, dans laquelle la signature des dits contrats des chargés de mission était, selon lui, "anecdotique".
Pendant plus d'une heure et demi de déposition, Michel Roussin va s'évertuer à minimiser sa fonction. Aucun pouvoir décisionnaire. Aucun pouvoir de contrôle. Aucun pouvoir de refuser ce qu'on lui demande d'entériner. Un seul pouvoir en conséquence: celui de signature. "Je sais ce que je signe, répond-t-il, mais je ne suis pas en mesure de juger de l'opportunité du contrat qui m'est soumis".
Michel Roussin va même plus loin dans la minimisation de ses prérogatives. "Le directeur de cabinet n'a pas de fonction politique. J'animais l'action politique de Jacques Chirac". Plus tard, il se qualifiera lui même de "collaborateur attentif, fidèle et professionnel".
L'avenir, c'est à dire le jugement, dira si le système de défense de M. Roussin est payant. autrement dit crédible.
Si hier à son arrivée au procès, Michel Roussin n'a pas caché son amertume de voir Jacques Chirac absent des débats, lors de sa comparution., il prend bien soin de ne pas évoquer le prévenu principal. Il faudra attendre que le président Dominique Pauthe cible ses questions pour que l'ombre de Chirac fasse son apparition dans la déposition.
C'est le lieu commun de ce type de procès politico-financier. Un système de défense qui consiste à endosser, devant les juges, le rôle de l'exécutant. Michel Roussin n'a pas failli à la tradition. L'ancien gendarme s'est présenté en petit soldat.