Le 3 ème procès de Loïc Sécher servira-t-il de leçon à l'ENM?

Loïc Sécher avait aujourd’hui, selon les propres mots de son conseil M° Eric Dupond-Moretti, 4 avocats. Trois ordinaires et un général : un avocat du coté de la défense, deux sur le banc des parties civiles et le représentant de l’accusation. Tous ont demandé l’acquittement de l’accusé.

Il est ce soir plus que probable que demain les jurés de la cour d’assises d’appel de Paris les suivront à l’issue de leur délibéré. Pour l’avocat pénaliste, ce n’est pas « une victoire de la défense, mais une victoire de la justice ». Une victoire tardive. Après 7 ans de détention.

Loïc Sécher se voit ainsi innocenter publiquement d’un crime qu’il a toujours nié. Par deux fois, des jurés populaires l’ont condamné à 16 ans de réclusion criminelle. Depuis, Emilie, son accusatrice, une jeune mineure âgée à l’époque des faits de 13 ans, s’est rétractée.

L’an passé, la cour de révision a considéré que ce nouvel élément était suffisamment probant pour justifier un nouveau procès.

Pendant deux procès, la machine judiciaire a broyé cet ouvrier agricole. Tout semblait accréditer la parole de l’enfant. On sait depuis Outreau ce qu’il faut en penser et avec quelles précautions, il faut utiliser les conclusions des experts.

A l’issue d’un réquisitoire de deux heures, le dernier avant de partir à la retraite, l’avocat général François Costes a prononcé ces mots. « Je crois convenable pour le bien de la justice que Loïc Sécher soit acquitté ». Peut être est-ce aussi pour le bien de l’accusé lui-même ?

Au cours d’une plaidoirie d’une petite demi-heure, M° Eric Dupond-Moretti a tenté de s’interroger sur les enseignements que cette histoire aura sur l’institution. L’avocat lillois, qui est intervenu dans le dossier Outreau, ne se fait aucune illusion. Comme il l’a rappelé, si les parents d’Emilie culpabilisent, tous les protagonistes de l’affaire qui ont défilé à la barre ne semblent avoir aucun état d’âme.

Ce procès aurait pu faire l’objet d’un documentaire. C’était en tout cas le souhait d’une société de production. M° Dupond-Moretti le répétera trois fois au cours de sa plaidoirie. « Le Premier Président de la cour d’appel de Paris n’a pas permis que ce procès soit filmé ». Pourtant pour l’avocat, un « tel document, ça vaut 100 heures de cours à l’Ecole Nationale de la Magistrature ».

Qui présentera des excuses à Loïc Sécher au nom de l’institution judiciaire ? Les acquittés d’Outreau avaient été reçu par D de Villepin alors Premier Ministre. Sans doute parce que le nombre des « victimes judiciaires » exigeait cet effort politique.

Loïc Sécher n’aura qu’un droit. Celui de demander une indemnisation pour ses plus de 7 ans de détention.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique