L’image est exceptionnelle dans une cour d’assises. Exceptionnelle mais douloureuse. A la barre, une femme de 66 ans. Elle est la mère de Kalinka. Danièle Gonnin est comme prise dans un étau. Elle le fait remarquer à Xavière Siméoni, la présidente de la cour. Elle dirige ses deux mains vers les deux hommes qui l’entourent, avec les deux hommes avec qui elle a vécue une grande partie de sa vie.
Deux hommes qui se vouent depuis le début de leur rencontre une haine farouche. « André Bamberski a la haine des allemands. Il est polonais » précise la femme.
A sa gauche, le père de Kalinka qu’elle appelle « Monsieur Bamberski » ; Elle ne le regarde que quand elle cherche une date sur un événement commun, seul élément qui aujourd’hui les rapproche. Elle le décrit comme un homme froid, autoritaire, sévère.
A sa droite, le beau père de Kalinka. L’homme pour qui elle a quitté son premier mari. Elle n’aimait plus ce dernier qui ne semblait plus faire d’efforts quant elle a rencontré au Maroc le docteur. Ce dernier l’a d’abord séduit. « Il m’a apprivoisé. Il a su faire ».
Danièle Gonnin a quitté son mari, ses deux enfants, Toulouse pour rejoindre celui qu’elle décrit comme « galant, attentif, généreux ». « Il fallait le freiner pour les dépenses. C’était pour me faire plaisir. Il faisait des cadeaux : des fourrures, des voyages… » Kalinka et Nicolas d’abord à la garde du père rejoindront plus tard leur mère à Lindau près du lace de Constance.
L’idylle durera 7 ans. De 1977 à 1984. Danièle finit par quitter Dieter Krombach car elle ne supporte plus ses infidélités. Elle a d’abord cru que c’était passager avant de comprendre que c’était devenu fréquent. Mal vécu aussi par la mère de Kalinka, le comportement du beau père après la mort tragique de la jeune fille. « Jamais je n’ai pensé qu’il était coupable. Mais il m’a déçue de ne pas être plus présent, continuant de chercher la présence d’autres femmes ».
Mme Gonnin n’avait pas revue son second ex-mari depuis 1989. « Aujourd’hui, dit-elle, j’éprouve de la pitié pour ce qu’il est devenu. Quand je le vois dans cet état, c’est douloureux. Je le reconnais plus, ni son regard, ni sa façon d’être ».
Le regard que porte la mère de Kalinka sur le Docteur Krombach a changé depuis mars 2010. Interrogé par un juge français, elle a découvert des éléments du dossier qu’elle ne soupçonnait pas. « Avec tout ce que j’ai lu, cela m’a chamboulé (…) 29 ans c’est douloureux pour tout le monde. Je suis venue pour connaître la vérité ».
Danièle Gonnin est restée à la barre une heure et demie. Un laps de temps durant lequel l’accusé appuyé sur le bord du box ne l’a pas quitté des yeux. Le regard était presque tendre comme si l’amour n’avait pas disparu totalement. A l’opposé, le père de Kalinka est resté fidèle à sa posture depuis l’ouverture du procès. Il a continué à prendre des notes et à consulter son dossier.