A la veille du mariage d’Yvan Colonna à la prison de Fresnes où il attend la tenue de son troisième procès qui s’ouvre dans deux mois jour pour jour, Michel Mercier s’est penché sur le sort des détenus corses.
C’est une rencontre qui se fait régulièrement place Vendôme. Le Garde des Sceaux fait le point avec les représentants politiques insulaires de la situation des condamnés corses incarcérés sur le continent. La dernière réunion avait eu lieu le 13 septembre dernier. C’était alors Michèle Alliot-Marie qui occupait le poste de ministre de la justice.
C’est une demande régulière, et compréhensible, des familles des détenus que ces derniers purgent leur peine dans un établissement relativement proche. Si la question est relativement plus facile dans la région parisienne, elle devient plus problématique lorsque les condamnés à des longues peines sont transférés dans différentes centrales réparties sur le territoire. L’éloignement est encore plus grand lorsque la mer sépare le lieu de la prison du point d’attache de la famille.
Après avoir fait la sourde d’oreille pendant de nombreuses années, la Chancellerie accepte de se pencher sur les demandes de rapprochement. Aussi le ministère fixe des critères. Il étudie la nature des faits, la longueur de la peine, la véracité des liens familiaux et le comportement du détenu en détention.
Un autre élément, et de taille, entre en ligne de compte. La capacité d’accueil du seul centre de détention corse, situé à Borgo, au sud d’Ajaccio. A la fin de l’an passé, celle-ci est passée de 28 à 48 places.
Pour les prisonniers en attente de jugement, la décision est du ressort des magistrats du siège.
Michel Mercier a donc annoncé le prochain transfert de condamnés corses vers l’ile. A commencer par celui de Charles Santoni. Condamné pour le meurtre d’un policier du RAID, il est libérable en 2019. Mais il pourra finir de purger sa peine en Corse avant la fin du mois.
Jacques Filippi et Baptiste Ballester, condamnés récemment à 8 et 10 ans d’emprisonnement, mais qui ont déjà purgés plus de 4 ans de leur peine, seront également transférés vers Borgo dans les jours à venir.
Trois membres du commando « Erignac » vont également profités de cette disposition de l’administration pénitentiaire. Il s’agit de Marcel Istria, Martin Ottaviani et Didier Marinelli. Mais ce transfert n’interviendra pas avant la fin du procès d’Yvan Colonna. Certains penseront qu’il s’agit là d’une forme de pression sur leur éventuel témoignage au procès du berger de Cargèse. D’autres rétorqueront qu’il s’agit d’économiser un aller et retour entre Borgo et Paris pendant le procès.
Pierre Alessandri, qui a avoué avoir tiré sur le préfet, et Alain Ferrandi ne sont pas concernés. Condamnés à perpétuité, ils ne pourront faire la demande d’un tel transfert qu’en 2014.
Le cas d’Yvan Colonna dépend des 15 magistrats de la cour d’assises spéciales d’appel qui va siéger jusqu’à la fin juin. Soit il est à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sureté de 22 ans. Un retour en Corse pour finir de purger sa peine n’est pas envisageable avant 2025. Soit, il est acquitté, il pourra alors retourner en Corse après 8 ans de détention provisoire. Retrouver sa nouvelle épouse. Libre.