Nicolas Sarkozy met les magistrats en ébullition

 
Ce n’est pas la première fois que les tensions sont lourdes entre les magistrats et Nicolas Sarkozy. On se souvient que les mots, de celui qui était à l’époque ministre de l’Intérieur, dans l’affaire Nelly Crémel avaient provoqué une réaction très vive de la part des juges. Nicolas Sarkozy pointait du doigt un juge de l’application des peines alors que la libération conditionnelle du récidiviste avait été prise par une collégialité. Lors de l’émission de Michel Drucker, en octobre 2007, la comparaison avec les petits pois pour évoquer le manque de « diversité » des magistrats  n’avait pas été du gout de ces derniers. Résultat à l’audience solennelle de la cour de cassation en janvier 2008, plusieurs d’entre eux avaient porté une cravate à pois….
 
Les choses pourtant semblaient s’apaiser depuis le départ de Rachida Dati de la place Vendôme. La mise en place de la carte judiciaire avait été le dernier combat de révolte des magistrats.
 
Cette fois-ci, le mouvement de colère se généralise. Les parquetiers, pourtant hiérarchiquement dépendants du pouvoir exécutif, se font entendre. La conférence des procureurs généraux dans un communiqué « regrette » que la responsabilité de magistrats et de fonctionnaires ait été « publiquement et immédiatement affirmée ». Les chefs de la cour d’appel de Rennes, supérieurs hiérarchiques de ceux qui sont attaqués à Nantes, sont sur le point de soutenir leurs collègues.
 
En fin de semaine dernière, c’est la conférence des premiers présidents de cour d’appel qui avait manifesté sa « vive préoccupation ».
 
Depuis vendredi, les AG se succèdent au même rythme que les reports d’audience dans l’ensemble des tribunaux. Aujourd’hui, Versailles, Pontoise, Mulhouse, Colmar, Lyon, Le Havre….Demain, une AG est prévue au TGI de Paris. Les magistrats de la cour de cassation, les « petits pois », envisagent de se rallier au mouvement de protestation.
 
Sans surprise, on retrouve le clivage politique habituel. La gauche soutient les robes noires tandis que de nombreux membres de l’UMP condamnent les prises de position des magistrats. Guigou, Vallini, Moscovici d’un coté. Copé, Estrosi, Mariani de l’autre.
 
Ce matin sur France Info, Marc Trévidic, président de l’association française des magistrats instructeurs a qualifié le Chef de l’Etat de « multirécidiviste » à qui « il est largement temps de lui appliquer la peine plancher ».
 
D’autres voix se font entendre. « L’Institut pour la Justice », association de citoyens créée en 2007, se dit « révoltée par la réaction des magistrats ». « Oui, les magistrats sont bien responsables du drame de Pornic » est l’entête de leur communiqué. Le général P. Schmitt, père d’Anne Lorraine dont le meurtrier récidiviste a été condamné à Pontoise à la fin de l’année 2010, nous écrit : « le mouvement des magistrats de Nantes est une injure envers nos enfants et témoignent d’un profond mépris pour les familles de victimes ».
 
Michel Mercier a dit dès la semaine dernière qu’il allait au plus vite recevoir les syndicats pour calmer les esprits. Il a fort à faire.
Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique