Jean-Marie Messier préfère être jugé à New York qu'à Paris

 
L’homme est arrivé au palais de justice tout sourire. Escorté par des gendarmes, le bras gauche sur l’épaule de son épouse, Jean Marie Messier a du fendre la nuée de cameramen et photographes pour rejoindre la salle d’audience. En apparence confiant, il s’attendait sans doute que les trois magistrats du tribunal correctionnel suivent les réquisitions du procureur.
 
Dès le premier jour du procès, le 2 juin 2010, la représentante de l’accusation avait fait savoir qu’elle requérait la relaxe contre l’ancien PDG de Vivendi Universal. Non pour des raisons d’opportunité, avait-elle précisé, mais parce qu’elle se basait sur les éléments du dossier d’instruction.
 
La relaxe souhaitée par les avocats de la défense n’est pas venue blanchir totalement celui qui se surnommait lui-même « J6M », « Jean-Marie Messier moi-même maître du monde ». Si les juges n’ont pas retenu le délit de manipulation de cours, ils ont condamné l’ancien chef d’entreprise pour abus de bien social et diffusion de fausse information. Messier est reconnu coupable d’abord d’avoir menti à ses actionnaires sur l’état financier de VU et d’avoir tenté d’obtenir à hauteur de plus de 20 millions d’euros et d’autres avantages sociaux à l’occasion de son départ de la société.
 
Dans leurs attendus, les magistrats qualifient le prévenu Messier, qui s’est longtemps présenté comme le roi de la communication moderne, de « prestidigitateur de dettes ».
 
Jean-Marie Messier est donc condamné à 3 ans de prison avec sursis et 150 000 euros d’amende. En outre, avec ses co-prévenus, il va devoir verser des dommages et intérêts assez conséquents à plusieurs actionnaires de la société VU.
 
Une fois l’audience terminée, Messier s’est dirigé vers son épouse pour l’embrasser avant de rejoindre sa place où il resté de longues minutes apparemment déconcerté par ce jugement.
 
Jean-Marie Messier, qui avait un moment envisagé de s’adresser à la presse en cas de relaxe, a demandé au commandement militaire du palais de justice de lui frayer un chemin dans les couloirs du tribunal pour éviter de croiser les journalistes. Les gendarmes ont accepté ce traitement de faveur dont ne bénéficie pas tous les prévenus.
 
Ses avocats, M° Haick et M° Wilhem se sont concernés de longue minutes avant de sortir de la salle d’audience et de déclarer à la presse qu’ils ne comprenaient pas ce jugement qui condamnait leur client pour abus de bien social, autrement dit dans le cas présent  « un parachute doré qui a été envisagé mais qu’il n’a pas touché ».
 
Comme les conseils des autres condamnés, les avocats de JM Messier ont annoncé leur intention de faire appel.
Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique