C’est un procès assez particulier qui va s’ouvrir lundi prochain devant la cour d’assises de l’Hérault.
D’abord parce qu’il s’agit d’un second départ. L’un des accusés, Jean-Michel Bissonnet avait malgré lui provoqué l’implosion de son propre procès.
L’homme est accusé d’avoir fait assassiné son épouse par son jardinier, Méziane Belkacem, avec également la complicité du vicomte Amaury d’Harcourt.
Accusé exceptionnel, système de défense exceptionnel. A la fin de l'instruction, son comité de défense avait fait réalisé un sondage. 48,8 % des personnes interrogées se déclaraient pas choquées par une éventuelle remise en liberté de JM Bissonnet. Un plébicite qui n'a jamais fait changé d'avis les magistrats de Montpelleier qui ont toujours refusé les demandes de la défense.
En octobre dernier, au bout de 5 jours d’audience, la révélation d’une tentative de subornation de témoin avait conduit ses deux avocats à abandonner la partie. Voir des conseils ainsi jeté l’éponge et laissé l’accusé face à ses propres responsabilités est chose assez rare dans une cour d’assises. Certains avaient cru voir dans cette annonce une manœuvre dilatoire, une stratégie de défense. On claque la porte pour revenir un peu plus tard quand les choses se seront calmées.
Lundi, les choses ne vont pas se présenter comme cela. Car M° Catala et M° Darrigade ont définitivement quitté les bancs de la défense.
Les intérêts de M. Bissonnet sont désormais défendus par M° Vérine et M° Leclerc.
Inutile de présenter ce dernier. On ne compte plus les dossiers qu’il a plaidés de Florence Rey à Richard Roman en passant plus récemment par le Professeur Dray dans le dossier de l’hormone de croissance.
On se souviendra aussi qu’il fût récemment aux cotés de Véronique Courjeault et de Jacques Viguier lors du premier procès de Toulouse. Il y assurait d’ailleurs la défense avec M° Catala.
L’ancien président de la Ligue des droits de l’Homme n’est pas avocat à se lancer dans des dossiers qu’il ne sent pas. Si M° Henri Leclerc a accepté de prendre le dossier « Bissonnet », c’est qu’en épluchant le dossier d’instruction, il a découvert une faille dans laquelle il va s’engouffrer.
Preuve en est, ce que les avocats de M. Bissonnet viennent de faire savoir sous forme de communiqué. Lundi à 14 heures, dès l’ouverture de l’audience, l’accusé se constituera partie civile. Une façon très forte de plaider son innocente. M. Bissonnet serait donc victime et non plus le coupable possible. Victime d’un autre accusé.
Juridiquement, M. Bissonnet sera donc des deux cotés de la barre. Physiquement bien sûr, il restera dans le box puisque sa récente demande de remise en liberté a été refusée.
Une situation rarement vue lors d’un procès d’une telle ampleur. Si à l’issue de ce procès, M. Bissonnet est condamné, sa constitution de partie civile sera nulle et non avenue. En revanche, s’il est acquitté, cela débouchera peut être sur une autre procédure
Les faits reprochés aux trois accusés remontent à mars 2008. L’avocat général lors de l’audience de lundi pourrait ainsi demander à M. Bissonnet, pourquoi s’il se sent victime avant tout, il ne s’est pas constitué partie civile plus tôt.