Procès Chirac: Courroye joue-t-il la montre?

 
Son nom n’a pas été cité une seule fois mais ses oreilles ont du sifflé. Cet après midi, lors de l’audience de fixation du procès Chirac à Paris, les regards se sont tournés vers Nanterre. Plus précisément vers le bureau de son procureur de la république, Philippe Courroye.
 
C’est, pour tous les avocats et magistrats du dossier de l’ancien Président de la République, une énigme. Lors de la dernière audience en mars dernier, tous les protagonistes attendaient la décision des magistrats de Nanterre sur le volet concernant 7 emplois fictifs reprochés à Jacques Chirac à l’époque où il était Président du RPR. Le réquisitoire du procureur dans un premier temps et l’ordonnance de renvoi dans un second temps.
 
Jacques Chirac, en revanche, est d’ores et déjà renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour 21 emplois fictifs à l’époque où il était maire de Paris.
 
La demande de la défense et le souhait du parquet consistent à dire que si les deux affaires  doivent être jugées, cela doit faire l’objet dans un seul procès.
 
Seulement 6 mois plus tard, Philippe Courroye n’a toujours pas signé son réquisitoire définitif. Le magistrat est-il trop accaparé par les dossiers Bettencourt ? Hésite-t-il entre le non lieu ou le renvoi ?  Le dossier est-il bloqué dans les étages supérieurs ? Au parquet général de Versailles ? A la Chancellerie ?
 
On l’a compris, à droite comme certains membres de l’opposition, on ne voit pas la perspective de juger l’ancien Chef de l’Etat d’un très bon œil. Le silence procédural du chef du parquet de Nanterre nourrit chez plusieurs observateurs des interprétations de tout ordre. Ils n’hésitent pas à faire le rapprochement entre les liens qui unissent Philippe Courroye à Nicolas Sarkozy et le fait que le protocole d’accord entre l’UMP et la Mairie de Paris soit intervenu après une rencontre entre le Chef de L’Etat et le prévenu Chirac avant cet été.
 
Derrière les explications politiques, il y a la réalité judiciaire. Primo, quelque soit les réquisitions de Philippe Courroye, c’est la décision du juge Gazeaux qui scelle le sort de Jacques Chirac. A lui de décider si le dossier de l’ancien Président s’alourdit.
 
François Foulon, procureur adjoint au parquet de Paris, a assuré que le réquisitoire de son collègue, « serait sur le bureau du juge d’instruction de Nanterre en début de semaine prochaine ». En cas de renvoi devant le tribunal correctionnel, la cour de cassation devra rapidement statuer sur une jonction des deux affaires.
 
Secondo, l’absence de la Mairie de Paris sur le banc des parties civiles n’empêche nullement la tenue du procès pénal. Ce ne sont pas les constitutions fantaisistes de contribuable parisien ou d’association obscure qui change la donne.
 
Face à une demande unanime des protagonistes du dossier, Dominique Pauthe, le président de la chambre correctionnelle, a accepté de reculer le procès. La difficulté a consisté à trouver une « fenêtre de tir » pour reprendre son expression, dans les plannings déjà surchargés des avocats de la défense. Entre le procès en appel de l’Angolagate et celui d’Yvan Colonna.
 
«Le tribunal fait un nouvel effort » a déclaré le magistrat, précisant qu’il s’agissait là du dernier report. Jacques Chirac et ses 9 co-prévenus prendront le chemin du palais de justice du 7 mars au 8 avril.
Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique