"Il n'y a pas de mystère Kerviel, il y a un mystère Société générale". Cette phrase prononcée par Maître Nicolas Huc-Morel, avocat de Jérôme Kerviel, collaborateur de Maître Olivier Metzner, résume assez bien la tonalité des plaidoiries de la défense. Toute la matinée, les deux conseils ont certes plaidé la relaxe de l'ex- trader mais ils ont surtout instruit le procès de la banque. "Une banque commerciale devenue banque casino" selon les propres termes de M° Metzner.
Aucune surprise, aucun coup de théâtre dans ses plaidoiries tant les avocats et Jérôme Kerviel avaient médiatisé leurs éléments de défense. Un argumentaire que le procureur avait résumé hier par cette formule assez bien sentie: "je ne suis pas coupable puisque j'ai réussi à commettre les faits, puisqu'ils ne m'ont pas arrêté". Sens de la formule contre sens de la formule, Maître Metzner réplique par cette équation: "C'était détectable. Ils ne l'ont pas détecté".
A l'issue d'une plaidoirie durant laquelle M° Metzner fera une confusion entre deux de ses dossiers actuels, parlant d'abus de faiblesse de Jérôme Kerviel, infraction que sa cliente Françoise Bettencourt reproche à M. Banier, l'avocat reprendra son cheval de bataille: la complicité de la banque. "Kerviel a été formé, formaté, déformé par la Société Générale. C'est une création, une créature de la Société Générale".
Les avocats de la défense attendent une relaxe là où l'accusation a demandé, dixit M° Metzner, que Kerviel "passe plus de temps en prison qu'il n'a passé à la banque".
Comme le prévoit le code de procédure pénale, le président Dominique Pauthe a proposé à Kerviel d'avoir le dernier mot. "Je n'ai rien à ajouter" a difficilement articulé l'ex trader. D'un coté, il s'est abstenu de redevelopper sa position comme il l'a fait mécaniquement pendant trois semaines. De l'autre, il n'a pas offert les excuses et le pardon que l'accusation attendait.