Le parquet n’a jamais caché qu’il ne voyait pas l’opportunité de juger Jean-Marie Messier et les 5 anciens dirigeants de Vivendi Universal. A l’issue de l’instruction, le parquet a requis un non lieu général. Le juge Jean Marie d’Huy a néanmoins renvoyé devant le tribunal correctionnel ceux que les petits porteurs considèrent comme responsables de la déconfiture financière de la société et donc de leurs actions.
Dans les affaires de ce type, il n’est pas rare de voir le parquet freiner des 4 fers l’instruction. Il arrive parfois qu’au stade de la juridiction de jugement, le procureur change son fusil d’épaule. Ce fut le cas dans le dernier procès de la scientologie à Paris. Plus récemment, Jean Claude Marin, le procureur de la république, est passé du non lieu à la condamnation de Dominique de Villepin dans le dossier Clearstream.
Dans l’affaire Vivendi, il n’y a plus aucun suspense. Alors qu’on ne lui demandait rien, que les avocats développaient comme de coutume des conclusions liés aux incidents de procédure, la représentante du parquet, Chantal de Leyris, a déclaré : « Il n’est pas question que le parquet soit taisant. Je maintiendrais notre position en demandant la relaxe. Ce ne sont pas des réquisitions d’opportunités mais d’une décision argumentée et étayée ».
Messier et ses co-prévenus ne pouvaient pas attendre mieux. Toute l’accusation repose donc désormais dans les parties civiles composées essentiellement des actionnaires de Vivendi Universal, sans qui ce procès n’aurait pas lieu.
Bronzé, étonnamment souriant et détendu pour quelqu’un qui comparait devant ses juges, Jean-Marie Messier a consenti un léger mea-culpa, reconnaissant des erreurs de communication. Mais l’ex-PDG de Vivendi tient à resituer les événements de 2002 dans un contexte international imprévisible.
Messier, longtemps surnommé J6M, autrement Jean marie messier, moi-même maître du monde » est désormais à la tête d’une société de conseil destiné aux entreprises de toute taille. 20 collaborateurs travaillent à ses cotés. L’ex PDG qui a du renoncé à son parachute doré de Vivendi, touche aujourd’hui 25 000 euros par mois.
Relaxé par les jurés new yorkais en janvier dernier dans une procédure lancée aux Etats-Unis, il encourt devant la justice française 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende. Vivendi qui a été jugé coupable à New York est à Paris sur le banc des victimes. Si Messier est condamné, il pourrait être amené à verser des dommages et intérêts aux actionnaires plaignants.