La décision d’annuler dans la même journée deux condamnations de cours d’assises est certes historique. Dans le même temps, nous sommes contraints de dire qu’elle est difficilement lisible.
Historique puisque depuis un quart de siècles, 6 accusés à tort pour crimes ont eu la chance d’être réhabilités. En 20 ans, 2 848 condamnés ont demandé la révision de leur procès. 42 ont abouti dont 38 pour des faits délictuels. La plupart des requêtes ne dépassent pas le stade de la commission de révision. Ce furent le cas de Jean Marc Deperrois, d' Omar Raddad, de Mis et Thiennot. D’autres sont recalés devant la cour de révision. Guillaume Seznec en est l’exemple le plus parlant.
Marc Machin et Loïc Sécher ont donc de la chance. Une chance relative car si les magistrats ont annulé leur condamnation, les ont rétabli dans le statut de présumé innocent, favorisé la remise en liberté de l’un des deux, ils sont condamnés à se représenter devant des cours d’assises. Pour un troisième procès.
La cour de révision avait trois options devant elle. Rejeter la requête. Annuler le verdict précédent et renvoyer les accusés devant les jurés. Option choisie hier. Il existait une dernière solution qu’avait soulevée le parquet général dans les deux affaires. Comme une éventualité pour Marc Machin. Comme une nécessité pour Loïc Sécher. Autrement dit annuler les condamnations purement et simplement, sans repasser par la case assises.
Dans le dossier qui a valu à Marc Machin sa condamnation à 18 ans pour meurtre, il y a désormais un coupable de trop. On le sait, les traces d’ADN concernent l’autre suspect et en aucune façon celui qui a été condamné.
Dans le dossier qui a valu à Loïc Sécher une condamnation à 16 ans pour viol, la victime s’est rétractée et le dossier d’accusation contre l’ouvrier agricole est parti en lambeaux.
Ce sont deux dossiers vides dont va être saisie par deux fois la cour d’assises de Paris. On plait d’ores et déjà les jurés qui vont être tirés au sort pour juger Machin et Sécher dans la mesure où les magistrats de la cour de révision leur ont montré le chemin. « Acquitter les ».
Il faut évidemment rappeler le précédent Dils. Après avoir bénéficié d'une révision, Patrick Dils a été rejugé en juin 2001 par la cour d'assises à Reims. Les jurés l'ont condamné à l'issue d'un procès qui s'est trenu à huit clos à 25 ans de réclusion criminelle. Bénéficiant de la nouvelle loi "Guigou" sur la présomption d'innocence, Dils a été rejugé en appel à Lyon lors d'une audience publique cette fois ci. Le verdict fut tout autre puisque le jeune homme a été acquitté du double meurtre de Montigny les Metz après avoir purgé, pour rien, 14 ans de détention.
Deux procès pour la forme. Deux procès pour se donner bonne conscience. La justice a fait le choix de demande à des jurés populaires d’effacer l’erreur de jurés précédents.
Faisons un rêve. Un jour, les magistrats diront peut être d’eux même que la justice s’est trompée.