Il faut bien le reconnaître. Nous avions fini par exclure Youssouf Fofana de son dossier avant l'heure. L'appel interjeté par le Parquet Général à la demande express du ministre de la justice ne le concernait pas. Notre champ de vision s'était donc rétrécit à 14 des condamnés.
Le condamné n°1, désormais redevenu l'accusé n°1, vient de se rappeler à nous. Youssouf Fofana a exercé cet après midi son droit d'appel. Tout le monde avait "zappé" cette éventualité. Fofana qui au cours des audiences a reconnu sa responsabilité a été condamné à la peine maximale. Son appel peut être interprétré de deux façons. Primo, il considère que la peine qui lui a été infligé est trop lourde. Secondo, il ne souhaite pas que ce second procès se fasse sans lui. D'où son retour dans le box aux cotés de certains des ces complices présumés.
En tout cas, il relance la polémique sur l'appel après le verdict de vendredi dernier. Le Garde des Sceaux ne souhaitait que l'on rejuge que ceux dont les peines prononcées étaient inférieures aux réquisitions. Fofana s'invite alors que sa condamnation est conforme aux souhaits de l'avocat général.
En fin de journée, le parquet général a accru le champ de son appel. Il rajoute 4 condamnés que la Garde des Sceaux avait laissé de coté. Un lieutenant de Fofana et le second mineur du dossier savent qu'ils seront rejugés contre leur gré.
Au même moment, un grand nombre des avocats qui ont défendu les co-accusés a publié aujourd'hui un communiqué dans lequel il demande au ministre de la justice d'ordonner au Parquet général de se désister de son appel. Si ils étaient suivis, ce qui semble aujourd'hui peu probable, Fofana serait alors le seul à être rejugé.
Youssouf Fofana était seul, avec un des deux mineurs, à être poursuivi avec la circonstance aggravante d'antisémite. Jusqu'à cet après midi, ces deux hommes n'étaient pas rejugés. Le second procès se serait donc déroulé sans que le caractère antisémite du dossier soit juridiquement au centre des débats.
Hier au Sénat, Michèle Alliot-Marie a défendu sa décision de vouloir un nouveau procès dans "l'intérêt de la société".
En faisant appel contre toute attente, Youssouf Fofana vient de redonner à ce second procès une partie de la dimension, qui aux yeux de certains, justifiait l'appel des pouvoirs publics.