Le vol d'UTA Brazzaville-Paris, les Airbus A 320 d'Habsheim et du Mont Saint-Odile, le Concorde à Gonnesse, Charm el Cheikh et aujourd'hui le vol Rio-Roissy. De 1989 à 2004, à chaque fois, la justice a été le dernier espoir des victimes de connaître la vérité.
On le sait, ce fut à chaque fois très long avant que l'instruction n'aboutisse. Les procès liés aux catastrophes aériennes à Habsheim et au Mont saint Odile se sont tenus après plus de dix ans de procédure. Des procès qui ne se sont pas forcement terminés par des condamnations. Si le pilote de l'Airbus A 320 d'Habsheim, Michel Asseline, a été condamné pour le crash de son avion au cours d'une démonstration, crash qui a provoqué la mort de 3 personnes et en a blessé 120, le procès de la catastrophe du Mont Saint-Odile a débouché l'an dernier sur une relaxe générale. 87 personnes personnes ont péri dans cet accident. La justice a, au cours de son instruction, exonéré les deux pilotes de l'avion qui ont également trouvé la mort. Le tribunal correctionnel puis la cour d'appel ont considéré qu'il n'était pas possible de retenir de responsabilité directe chez les prévenus qu'il soit aiguilleurs du ciel, cadres d'Air Inter ou d'Airbus Industrie. Contrairement aux juges du tribunal correctionnel, les magistrats d'appel ont relaxé Airbus qui avait écopé d'une condamantion civile en première instance.
Le procès de la catastrophe aérienne du Concorde ne s'ouvrira qu'en février prochain. Près de dix ans après les faits. 113 personnes ont péri dans ce crash qui a scellé le sort de l'avion supersonique.
Dès hier midi, le procureur de Bobigny accompagné du procureur général de Paris s'est rendu à l'aéroport de Roissy pour y rencontrer les familles des victimes. " Nous leur avons expliqué comment allait se passer l'enquête et les objectifs que l'on souhaite ateindre, nous les avons également informés sur la procédure civile pour la reconnaissance des décès" a expliqué aux journalistes le procureur de la République de Bobigny, François Molins. Bobigny est la juridiction parisienne dont dépend territorialement l'aéroport Charles-de-Gaulle. Elle a pourtant été dessaisi ce matin au profit de Paris.
Un dessaisissement qui est justifié par les autorités judiciaires par une application stricte de la procédure pénale. C'est la domiciliation des victimes qui a été prépondérante dans ce choix. Aucune ne résidait dans le département de la Seine Saint-Denis. En revanche plusieurs passagers du vol AF 447 résidaient à Paris.
L'enquête risque d'être longue et difficile. Son avenir dépend en grande partie de la découverte des boites noires, éléments essentiels pour comprendre le scénario de la catstrophe.
L'attente des familles des victimes est de deux ordres. D'abord comprendre les causes de cette tragédie. Cette connaissance est nécessaire pour leur permettre le travail de deuil. Elle est également indispensable pour l'industrie aéronautique et pour tous les professionnels de l'aviation. Ces catastrophes permettent à la sécurité d'évoluer.
Ensuite vient éventuellement les responsabilités pénales. Quelqu'un a-t-il failli? Y-a-t-il eu défaillance ou imprudence, négligence humaine? C'est le role de la justice avec les limites évoquées plus haut.
L'enquête est confiée à la gendarmerie des trransports aériens et à l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale. Avant la fin de la semaine, la justice devrait ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d'instruction. "Le parquet ne peut pas gérer seul cette affaire" nous confiait ce matin un magistrat parisien. On peut simplement se poser la question. Comment une telle procédure sera "instruite" quant le juge d'instruction aura disparu de notre système?