Le procès Colonna se "joue" désormais à l'extérieur

Le procès d'Yvan Colonna se poursuit désormais hors de la salle d'audience. Samedi à Ajaccio, comme ils le font désormais chaque week-end, les avocats de la défense ont tenu une conférence de presse. Comme ils l'avaient fait déjà jeudi dernier à la Maison du Barreau à Paris, ils ont mis en cause la cour d'assises, "un théâtre d'ombres" géré par des "faussaires". Comme il en a pris l'habitude durant le procès, M° Antoine Sollacaro a également attaqué violemment l'avocat de la famille Erignac, M° Philippe Lemaire: "il nous a traité de terroristes judiciaires, je préfère être un terroriste judiciaire qu'un collabo judiciaire". On est bien loin de la sérénité et de la cordialité habituelles du débat judiciaire.

Hier, dans un communiqué, Rachida Dati a dénoncé ses "propos inadmissibles". "Il est intolérable de jeter d'une façon aussi outrancière le discrédit sur l'institution judiciaire et de bafouer de la sorte l'honneur des juges qui exercent leur office au nom du peuple français " écrit la Garde des Sceaux.

Certains se sont étonnés que la ministre de la justice ne soit pas intervenue plus tôt. C'est lui faire un mauvais procès. Il lui était difficile d'intervenir directement. La tâche revenait, ce qu'il a fait dans différents médias à Laurent Le Mesle, le Procureur Général près la cour d'appel de Paris. On peut simplement regretter qu'à l'audience, les deux avocats généraux aient mis un certain temps à réagir face aux propos outranciers de la défense.

Il faut faire un distinguo entre les propos tenus à l'intérieur d'un prétoire et qui bénéficient d'une immunité, sauf si ils sont injurieux, et ceux qui sont tenus à l'extérieur de procès et qui eux sont susceptibles d'être poursuivis.

Ce matin, dans un communiqué, le comité de soutien à Yvan Colonna en appelle "aux culturels, intellectuels et aux consciences éclairées, aux forces progressistes de Corse mais aussi de France et de l'Europe, à l'Université, aux élus de toutes sensibilités, aux militants des doits de l'homme, aux syndicats et groupes socio professionnels, à toutes celles et ceux qui, épris de justice et démocratie refusent qu'une condamnation aussi lourde, perpétuité assortie d'une peine se sûreté de 22 ans, soit prononcée dans des conditions inacceptables".

Appellée comme témoin, l'ex- femme d'un des membres du commando Pierre Alessandri a refusé cet après-midi de s'exprimer devant la cour d'assises. "En l'absence d'Yvan Colonna et de ses cinq avocats, je n'ai rien à déclarer" a affirmé Jeanne Finidori.  Elle rejoint dans cette attitude Martin Ottaviani, membre du commando, qui entendu à la barre jeudi dernier a fait pour simple et unique réponse à toutes les questions qu'on lui posait: "je n'ai rien à vous dire".

Désormais, Yvan Colonna refuse d'être extrait de sa cellule de la prison de Fresnes. L'huissier ne doit donc plus se déplacer  deux fois par jour dans les sous-sols du palais mais dans un établissement pénitentiaire de la région parisienne. Une première fois pour la sommation et la seconde pour lui rendre compte de l'audience. Résultat, l'audience de ce matin a été annulé pour n'être reprise qu'à 13h30. Bref ce procès se poursuit désormais du mieux qu'il peut entre chaque suspension d'audience

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique