En attendant d'aller en Corse, le procès Colonna fait du surplace

Ce n'est plus un prétoire, c'est un ring. La cour d'assises spéciale de Paris est entrée dans sa seconde semaine de turbulence. Lors du premier procès à la fin 2007, la déposition de l'expert en médecine légale Paul Marcaggi sur la taille du tueur avait ébranlé le cours des audiences. Le légiste avait été reconvoqué quelques jours plus tard pour préciser ses affirmations. Personne n'avait imaginé que les dires de ce praticien allait ainsi donner des couleurs à la défense d'Yvan Colonna. Le premier procès reprenait alors son cours normal et les dépositions alambiquées quelques jours plus tard des membres du commando allaient faire peser la balance dans l'autre sens.

Février 2009. Un phénomène de déjà vu puissance 10. Personne, là encore, ne pouvait imaginer que le témoignage de Didier Vinolas allait provoquer un tremblement de terre judiciaire. Ce soir du vendredi 13 février, la presque totalité des journalistes et la majorité des avocats de la défense avaient déserté l'audience.  Didier Vinolas faisait partie des témoins de personnalité du préfet Erignac. Intéressant mais déjà entendu à l'hiver 2007. Grossière erreur. On connait la suite.

Aujourd'hui au 11 ème jour d'audience, la tension n'est toujours pas retombée. Du coté de la défense, on poursuit l'offensive. Après avoir demandé et obtenu un supplément d'information, on pense très sérieusement à en demander un second. Un supplément du supplément d'information pour aller jusqu'au bout des "révélations" de Didier Vinolas. Les avocats d'Yvan Colonna, en tout cas pour 4 d'entre eux, n'écartent pas la possibilité, comme ils l'ont déjà dit et fait mardi dernier, de quitter l'audience.

Sur le banc des parties civiles, on s'impatiente. Depuis jeudi dernier, les suspensions se sont succédées. On regarde avec inquiétude le calendrier des audiences, s'interrogeant sur la suite du procès dans la mesure où il a déjà pris une semaine et demi de retard.

Du coté de l'accusation, on semble légèrement dépasser par les événements. Un jour, on résiste contre les assauts des 5 avocats de la défense. Le lendemain, on baisse la garde, attendant que l'orage passe.

Les 9 magistrats constituant la cour d'assises ne s'attendaient certainement pas à un tel affrontement. Le président Didier Wacogne en premier. Outre le fait que ce dernier a eu à subir des attaques frontales des avocats, il a également essuyé, sans y répondre, les déclarations acerbes d'Yvan Colonna. Il a accusé le magistrat d'être "en mission pour le condamner et de faire preuve à son égard de déloyauté". Moment exceptionnel dans un procès d'assises, le président de la cour s'est vu faire l'objet d'une récusation. Signe plus qu'éloquent du climat qui règne dans le prétoire.

Désormais chaque reprise d'audience est une nouvelle interrogation pour tous ceux qui assistent aux audiences. "De quoi aujourd'hui sera-t-il fait?". Il est déjà loin le temps où au début du procès les journalistes s'interrogeaient sur une simple demande des avocats de la défense à propos d'une reconstitution.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique