Le procès en appel d'Yvan Colonna pourrait se résumer en une succession de face à face.
D'abord l'accusé fait face à une nouvelle cour d'assises spéciale. 9 nouveaux magistrats dont le président, Didier Wacogne, constituent le nouveau jury. Ensuite l'accusé a face à lui un nouvel avocat général. Celui qui avait soutenu l'accusation en décembre 2007 est désormais juge d'instruction anti-terroriste, en remplacement du juge Bruguière parti vers d'autres horizons. Le nouveau représentant de l'accusation est Jean Claude Kross, qui il y a quelques mois encore présidait des procès correctionnels. La justice est ainsi faite, on peut passer sans problème du siège au parquet, et vice-versa. Un jour, on juge, on relaxe, on condamne, on met en examen. Le lendemain, on joue les accusateurs publics.
Nouveau face à face parce que 14 mois après le premier procès, deux familles se retrouvent dans la même salle d'audience avec des attentes diamétralement opposées. La famille du préfet Claude Erignac attend un verdict similaire à celui de premier instance. Elle attend ausi que l'accusé face un pas vers elle. En reconnaisant sa participation à l'assassinat du préfet. Dominique Erignac la redit hier soir sur France 2. Elle ne peut pas se contenter de ce qui pour elle, est une demi-vérité. Elle souhaite des aveux d'Yvan Colonna.
La famille de l'accusé espère à l'inverse un acquittement. " On ne peut pas avouer ce que l'on n'a pas fait" soulignait ce matin Christine Colonna, la soeur d'Yvan. Pour la défense, il n'y a pas la preuve dans le dossier de l'implication du soi-disant 7 ème homme du commando et les accusations rétractées de ceux qui ont été définitivement condamnés sont insuffisantes pour un verdict de culpabilité.
Dernier face à face: Celui qui existe entre deux avocats. Maître Philippe Lemaire qui depuis le début de l'affaire défend les intérêts de la famille Erignac. Maître Patrick Maisonneuve qui vient de rejoindre les bancs de la défense d'Yvan Colonna. Lors des procès du commando, M° Maisonneuve était l'avocat de l'un des accusés, Jean Castella. Ce dernier a été acquitté lors du procès en appel en février 2006. Acquittement, avec celui de Vincent Andriuzzi, qui a toujours été mal vécu par la partie civile. Aujourd'hui, M° Patrick Maisonneuve fait son retour dans ce dossier aux cotés d'un homme qui clame son innocence et veut être acquitté.
Ces deux avocats vont donc se retrouver en opposition ferme durant les 5 semaines d'audience. Leur vue du dossier est totalement en opposition et leurs intérêts sont divergents. Or, pour la petite histoire, il y a quelques années, ces deux avocats travaillaient dans le même cabinet. Le second était alors le collaborateur du premier. Aujourd'hui, l'élève se retrouve face à son maître. Ambiance.
Toute la journée, un seul élément était au dessus de tout cela. Un pigeon. Entré dans la salle des assises au gré d'une fenêtre ouverte. Ce soir, le pigeon voltigeait à la recherche d'une ouverture. Il cherchait à retrouver sa liberté. Comme beaucoup d'accusés.