Les faits datent de bientôt trois ans, à quelques jours près, mais ils sont encore très présents dans nos souvenirs. En pleine classe, Karen Montet-Toutain, professeur d'arts plastiques au collège Louis Blériot d'Etampes (Essonne), avait été poignardé par l'un de ses élèves. Ce dernier agé de 19 ans lui avait porté plusieurs coups à l'abdomen et dans les membres supérieurs. Il voulait à son professeur principal d'avoir informé sa mère qu'il avait fait quelques jours auparavant l'objet d'une exclusion de la classe. L'acte criminel du jeune homme avait été prémédité dans la mesure où il s'était rendu dans l'établissement scolaire avec un couteau de cuisine.
Lors du procès devant les assises d'Evry en février dernier, tous les journalistes avaient été frappé par la fragilité de la jeune enseignante. Ils nous étaient en revanche difficile de dire si celle ci elle était un trait de caractère de l'enseignante où si elle découlait des événements traumatisants qu'elle a subi.
Karen Montet-Toutain n'a pas repris le chemin de l'école. Trois ans après, elle est toujours en arrêt maladie.
Lors du procès, aux cotés de son époux, elle avait en tout cas affrontée avec courage et dignité ce face à face tendu avec son agresseur. L'image était d'ailleurs assez surréaliste. Il fallait imaginer que ceux qui dans le prétoire se faisait face sans trop se regarder, l'une sur le banc des parties civiles et l'autre dans le box des accusés, avaient eu à un moment de leur vie des relations d'un autre ordre. L'une sur l'estrade. L'autre sur un banc de lycéen.
Le jeune Kévani Wansale avait été condamné par les jurés de l'Essonne à 13 ans de réclusion criminelle. Il a fait appel et sera donc rejugé du 20 au 24 janvier prochain par un autre jury populaire, parisien cette fois-ci.
Aujourd'hui, nous apprenons que c'est l'Etat qui a été condamné dans cette affaire. Reconnaissance un peu tardive d'une certaine légéreté de l'administration, de l'Education Nationale. Les messages, les courriels qu'avait lancé l'enseignante à sa hiérarchie comme autant d'"appel au secours" étaient restés lettres mortes. Dans son jugement, le tribunal administratif rappelle que " la collectivité publique est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l'occasion de leurs fonctions et de les réparer".
L'Etat est condamné à verser 15 000 euros à Karen Montet-Toutain. Le rectorat a fait savoir qu'il ne ferait pas appel de cette décision. Pour l'Etat, l'affaire est close. Pour l'enseignante, le traumatisme est indélébile.