La semaine noire de Rachida Dati

La phrase du Premier Ministre vient de tomber comme un couperet. Interrogé lors d'une conférence de presse, François Fillon vient de déclarer: "je suis totalement hostile à la prison pour les mineurs de 12 ans". Le Premier Ministre a même ajouté pour fermer le débat:  "Le gouvernement n'a aucun projet en ce sens". Une déclaration sans appel qui est en parfaite contradiction avec celle faites pas plus tard que mercredi dernier par l'actuel Garde des Sceaux Rachida Dati, alors que l'universitaire André Varinard venait de lui remettre son rapport sur la réforme de la justice des mineurs. Commentant dans la foulée de cette remise une des 70 préconisations du rapport, Rachida Dati se positionnait en affirmation devant les journalistes que selon elle, "la sanction pénale dès 12 ans lui semblait correspondre au bon sens". Certes, la Ministre de la Justice tenait à faire le distingo entre la sanction et l'emprisonnement, mais elle poursuivait en précisant que "les juges pour mineurs doivent pouvoir disposer d'une palette de réponses adaptées qui vont jusqu'à l'incarcération".

Cette proposition du rapport Vérinard a suscité une réaction en chaine assez hostile. Relevons pêle-mêle quelques commentaires: "Une consécration d'une politique de bêtise" pour Jean Louis Bianco. "Une provocation" selon Georges Sarre. "Une mauvaise idéee. On doit avopir une justice éducative" pour Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry. " Ca braquera tout le monde" selon l'ex garde des Sceaux Marylise Lebranchu. De leur coté, les professionnels de la justice des mineurs se sont déclarés également hostiles à cette proposition. Ce soir, François Fillon vient d'ajouter son nom à cette liste.

C'est la seconde fois cette semaine que Rachida Dati subit ainsi un tel désaveu public. 

Lundi, trois jours après l'interpellation mouvementée de Victor de Filippis, directeur du journal "Libération", la Garde des Sceaux avait déclaré au Sénat que la "procédure était tout à fait régulière". Elle était ce jour là sur la même longueur d'ondes que sa collègue du Ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie qui avait assuré que "la police avait suivi les procédures".

Là encore, on s'en souvient les conditions de l'interpellation de M. de Filippis avait provoqué beaucoup de réactions. Jusqu'au plus haut sommet de l'Etat puisque sous forme d'un communiqué, le Président de la République avouait comprendre "l'émoi suscité" par cette affaire. Emoi tel que Nicolas Sarkozy souhaitait que cet épisode donne naissance à une réflexion sur "une procédure plus respectueuse des droits et de la dignité des personnes".

Un désaveu présidentiel le lundi. Un désaveu du Premier Ministre le vendredi. Comme les malheurs n'arrivent jamais seuls, Rachida Dati a perdu hier deux de ses conseillers au ministère, parmi lesquels son directeur de cabinet adjoint. Ils ont décidé de suivre l'ex directeur de cabinet du Garde des Sceaux qui a lui même quitté la Chancellerie il y a une quinzaine de jours. Il y a des semaines au gouvernement qui doivent apparaître interminables.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique