Décédé durant le délibéré

Le professeur Jean-Claude Job, un des 7 prévenus du dossier dit de l'hormone de croissance, est décédé en début de semaine. C'est son avocate qui vient de nous l'apprendre après en avoir informé le tribunal correctionnel de Paris. L'homme  avait comparu du 6 février à la fin mai devant les juges parisiens pour répondre d'homicides involontaires. En qualité d'ancien Président de l'association France Hypophyse, ancien pédiatre endoctrinologue, il lui était reproché d'être le "coordinateur d'un système" de collectes,de conditionnement et de distribution d'une hormone fabriquée à partir d'hypophyses de différentes provenances. Ces hormones qui se sont révélées infectées et porteuses de la maladie de Creutzfeldt-Jacob ont provoqué la mort de 110 jeunes enfants.

Après les témoignages de certaines familles de victimes, le professeur Job avait demandé pardon. " Je prends part à votre malheur(...) je n'ai pas agi sans contrôle, sans réflexion. La plupart des décisions a été collégiale. Je n'en dirai pas plus." Dans sa plaidoirie, son avocate, M° Daphné Bès de Berc, avait demandé que son client "ne serve pas de fusible". "Je ne demande pas l'indulgence vu son grand âge, ou de la clémence, mais un examen du dossier sans préjugé".

Lors du réquisitoire du 21 mai, le parquet avait requis contre le Professeur Job une peine de 4 ans avec sursis. Le jugement doit être rendu le 14 janvier prochain.

Avec sa disparition à l'âge de 86 ans, l'action contre lui est éteinte. Ce sont les termes de la loi pénale. Le 14 janvier, le tribunal ne pourra que constater cette mort de l'un des prévenus. Officiellement, on ne saura donc pas si les juges voulaient le condamner ou le relaxer. Une lecture attentive du jugement qui devra décortiquer la chaine des responsabilités, pourra néanmoins donner un aperçu des sentiments des magistrats. Une condamnation ou une relaxe post-mortem.

Mais au delà de ce détail juridique, l'important dans cette affaire, c'est qu'à l'issue d'une interminable procédure qui a duré 16 ans, au cours de ce procès, les familles des victimes et le professeur Job aient pu se dire en face ce qu'ils avaient sur le coeur.

Publié par Dominique Verdeilhan / Catégories : Ma chronique