Vendredi 20 août. La nuit vient à peine de tomber quand on reçoit l’ordre de nous préparer à attaquer les lignes allemandes. La brigade de commandos doit enfoncer ces lignes reformées en face de nous et avancer vers Dozulé.
Malgré la fatigue nous marchons assez rapidement. Vers 10 heures du soir nous voyons les obus allemands exploser devant nous. Ça tombe de tous les côtés ! Nous entrons dans le no man’s land vers 11 heures. Là on s’arrête en bordure d’un petit village et on attend les ordres.
Kieffer et Lofi ont envoyé des éclaireurs pour examiner les postes avancés allemands. À leur retour les nouvelles sont plutôt bonnes : les Allemands sont au repos dans leur tranchées, et ils ne sont qu’une centaine. L’occasion est trop belle et trop rare.
On passe à l’attaque vers 2h30 du matin. On pénètre facilement dans les lignes… car l’ennemi a déjà quitté les lieux en abandonnant ses mortiers et leurs munitions. On a à peine le temps de s’installer qu’une fusillade déchire le silence de la nuit à 600 mètres sur notre gauche. Kieffer envoie une section dans cette direction, mais aussitôt un tir de barrage prend à parti les hommes de Lofi, l’obligeant à rebrousser chemin sur le mamelon de l’Épine.
Avec les gars de la K Gun on couvre comme on peut, et une fois la troupe au complet on réplique pendant 20 minutes, en se servant des trois mortiers allemands. Kieffer ne baisse pas les bras et envoie une section sur le flanc de la position ennemie. C’est la section de Paul Chausse qui mène l’attaque au bas de la ferme de l'Épine. La ligne de résistance ennemie est enfoncée et plusieurs dizaines de prisonniers allemands sont aussitôt rassemblés dans un champ.
Grâce à notre copain Chausse, la route de Dozulé se dégage enfin devant nous. Dans cet assaut on vient de perdre huit nouveaux blessés !