Dans notre rubrique [ Les Docs ], nous partageons quelques uns des documentaires qui ont nourri notre réflexion pendant la réalisation de "La Guerre des Graines". Ici, "Vers un crash alimentaire", diffusé sur Arte, le 11 décembre 2008. La page officielle du film est ici sur les site d'Arte. Retrouvez ici, l'interview d'Yves Billy, co-réalisateur du film.
Vers un crash alimentaire ?
" Conjuguées au dérèglement climatique, les logiques économiques actuelles conduisent à brève échéance à une catastrophe alimentaire planétaire. Est-il trop tard pour inverser la tendance ?
"La récente flambée des prix agricoles a été un coup de semonce : jamais le monde n’avait affronté une crise alimentaire d’une telle ampleur. Mais comme le montre l’enquête d’Yves Billy et Richard Prost, les difficultés ne font que commencer. Les stocks mondiaux de céréales baissent depuis huit années consécutives et n’assurent plus à la population mondiale qu’une avance de vingt jours d’alimentation, bien en deçà du niveau officiel de sécurité fixé à soixante-dix jours. Aujourd’hui, rappellent-ils, 925 millions de personnes souffrent de la faim sur la planète et leur nombre croît de plus en plus vite. À la hausse du prix des matières premières, à la raréfaction de l’eau et des surfaces arables et aux ravages causés par les dérèglements climatiques, se sont ajoutés deux phénomènes récents : au moment même où la demande chinoise en céréales s’accélérait brutalement, les biocarburants ont commencé à redessiner la carte de l’agriculture mondiale. Par exemple, la production américaine d’éthanol à base de maïs, qui engloutit le tiers des récoltes du pays, devrait passer de 80 millions de tonnes en 2007 à 120 millions cette année. Quant au productivisme agricole, qui en un demi-siècle a épuisé les sols et pollué l’environnement, il a atteint ses limites. Tout comme le dogme néolibéral, qui a poussé les pays du Sud à tout miser sur des cultures d’exportation, mettant la survie des populations locales à la merci des cours mondiaux. De plus en plus nombreuses, des voix s’élèvent pour que ces logiques économiques soient remises à plat, même au sein du FMI et de la Banque mondiale, afin de prendre en compte les besoins des différents pays, y compris des plus pauvres.
Sommes-nous capables de modifier le cours de cette catastrophe annoncée ?
Nourrir les hommes ou l’économie ?
Les réalisateurs ont enquêté en Europe, interrogé de nombreux spécialistes de l’agriculture et de l’alimentation, parcouru les exploitations céréalières de l’Argentine et des États-Unis, puis traversé une Chine en voie d’urbanisation accélérée. Pour parvenir à nourrir sa population, celle-ci investit désormais à l’extérieur de ses frontières, en Afrique, en Corée du Sud et, justement, en Argentine. Avec l’exemple du maïs et du soja, deux cultures majoritairement livrées aux OGM, que l’industrie, mais aussi l’élevage intensif, disputent à l’alimentation humaine, ils nous permettent de comprendre très concrètement pourquoi la demande agricole grimpe alors que l’offre baisse. Une démonstration accablante, qui nous interroge : sommes-nous capables de modifier le cours de cette catastrophe annoncée ?
Parmi les intervenants :
- VIC LESPINASSE
Analyste financier. - STEFAN TANGERMANN
Directeur du département Agriculture de l’Organisation de coopération et de développement économiques "OCDE". - LESTER R. BROWN
Président du Earth Policy Institute (Washington DC, États-Unis). - DR AMANI ELOBEID
Expert international de l’éthanol, Food and Agricultural Policy Research Institute (FAPRI), Université d’Iowa (États-Unis). - ALBERTO GOMEZ
Représentant de La Via Campesina, International Peasant Movement, un mouvement international composé d’organisations de petits et moyens agriculteurs, de travailleurs agricoles, de femmes et de communautés indigènes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. - MARYAM RAHMANIAN
Centre for Sustainable Development & Environment, « Cenesta », (Téhéran, Iran). - FLAVIO VALENTE
Secrétaire général de FIAN International-Brésil (Foodfirst Information and Action Network/Réseau d’Information et d’Action pour le droit à se nourrir), une ONG apolitique et non confessionnelle, qui agit pour la défense et la réalisation du droit à l’alimentation (Heidelberg, Allemagne). - BRUNO PARMENTIER
Directeur de l’École supérieure d’agriculture « ESA » (Angers, France). - MARC DUFUMIER
Chercheur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement « AgroParisTech » (Paris, France). - JEAN-LUC DOMENACH
Directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales « CERI » de Sciences Po (Paris, France). - DERMOT J. HAYES
Co-directeur du Food and Agricultural Policy Research Institute "FAPRI", Université d’Iowa (États-Unis). - LI XIANDE
Chercheur à l’Institut de l’économie et du développement rural. - HANG SHIHUANG
Expert du maïs, Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé "CIMMYT" (Chine). - BIAN SHAOFENG
Directeur adjoint de l’Institut agricole des ressources agricoles et de l’environnement. - ERNESTO AMBROSETTI
Économiste, Sociedad Rural Argentina (Argentine). - JAVIER DE URQUIZA
Ancien secrétaire d’État à l’agriculture d’Argentine. - RICARDO NEGRI
Ingénieur agronome, Association argentine de consortiums régionaux d´expérimentation agricole « AACREA » (Argentine). - PHILIPPE COLIN
Secrétaire national de la Confédération paysanne (France). - PASCAL DU CHÂTEAU
Chercheur chez Maïsadour, un groupe agroalimentaire coopératif basé en Aquitaine (France).