Un article de Violaine Jaussent à lire sur Francetv Info.
Un quart des élèves entrés en 6e en 1995 ont décroché de l'enseignement secondaire, selon l'édition 2013 de l'étude "France, portrait social" de l'Insee. Plus de la moitié d'entre eux n'ont aucun diplôme.
Lutter contre le décrochage scolaire, le gouvernement en a fait une de ses priorités.Le ministère de l'Education nationale veut notamment faciliter le retour vers l'école de 20 000 décrocheurs scolaires d'ici la fin de l'année. Mais derrière cet objectif ambitieux, quelle est la réalité ? L'Insee apporte des réponses dans l'édition 2013 de son étude "France, portrait social", publiée jeudi 14 novembre.
Ils quittent l'enseignement secondaire sans obtenir de diplôme
"Selon le code de l'Education, un décrocheur est un élève qui quitte un cursus de l'enseignement secondaire sans obtenir le diplôme finalisant cette formation", indique l'Insee. Cette définition n'inclut pas les étudiants qui commencent des études dans l'enseignement supérieur sans valider un diplôme.
Pour expliciter sa définition, l'Insee liste trois situations possibles : l'élève peut avoir suivi un cursus menant à un CAP ou à un BEP sans en obtenir le diplôme. Il peut aussi avoir quitté l'école au niveau du collège, avec ou sans le brevet. Le décrocheur peut également être un élève diplômé d'un CAP ou d'un BEP qui entame un parcours menant au baccalauréat professionnel ou technologique, mais qui quitte le lycée sans l'obtenir.
Ainsi, l'Insee estime qu'un quart des élèves entrés en 6e en 1995 sont des décrocheurs. Parmi eux, huit sur dix n'ont pas du tout de diplôme de l'enseignement secondaire, et deux sur dix seulement ont un BEP ou un CAP.
En majorité, ils ont des difficultés scolaires dès la 6e
Les décrocheurs se distinguent des autres élèves par leurs difficultés scolaires, et ce dès le début du secondaire. Par exemple, l'Insee constate que 53% des élèves décrocheurs avaient un niveau scolaire faible en lecture à leur entrée en 6e, en 1995, contre 22% des élèves non décrocheurs.
Un élève en difficulté dès la 6e, qui redouble au moins une année au collège : c'est le profil le plus courant des décrocheurs. Près de la moitié (46%) en font partie, selon l'Insee.
Ils ont des origines sociales plutôt modestes
Les décrocheurs se distinguent aussi par leur origine sociale. La proportion d'enfants de cadres est bien plus faible parmi les décrocheurs que parmi les non-décrocheurs (5% contre 18%). La proportion d'enfants d'ouvriers y est, à l'inverse, plus élevée (48% contre 31%). Leurs mères sont aussi moins diplômées, note l'Insee.
Ce sont par ailleurs plus souvent des enfants de familles nombreuses et un peu plus souvent des garçons. "En lien avec leurs origines sociales modestes, les décrocheurs vivent dans des familles moins aisées financièrement", souligne l'Insee.
Parfois, ce sont de bons élèves qui ont connu des événements personnels difficiles
Un tiers des décrocheurs ont le plus souvent décroché dans un cursus préparant au baccalauréat. C'est dans ce groupe que l'on trouve le plus de diplômés : 43% ont en effet un CAP ou un BEP. Une partie d'entre eux avaient un bon niveau scolaire en 6e, et sont allés directement au lycée après leur classe de 3e. "De ce point de vue, ils ne se différencient pas vraiment des jeunes non décrocheurs", relève l'Insee.
Une part non négligeable de ces jeunes décrocheurs a vécu des événements personnels difficiles. Selon l'Insee, un cinquième a eu des problèmes de santé ayant perturbé sa scolarité, un quart a connu le divorce ou la séparation de ses parents et un quart un décès, une maladie ou un accident grave survenu à ses parents.
Par ailleurs, l'Insee précise qu'un cinquième des décrocheurs sont passés par des enseignements spécialisés au collège, notamment par une Section d'enseignement général professionnel adapté (Segpa).