La plupart des articles consacrés à Jean Zay à l'occasion de sa panthéonisation contenaient la même notion : "l'inconnu du Panthéon". Le genre d'homme dont le nom s'inscrit au fronton de stades, de maison de la culture ou encore d'impasses et de places à travers toute la France.
On appelle ça la notoriété secondaire. On connaît le nom mais pas le visage, ou pas l'histoire. Jean Zay n'était pas Résistant. Il n'en a pas eu le temps. Mais son destin incarne celui de la République et de sa tragique mise entre parenthèse de 1940 à 1944. Et que dire de sa carrière avant guerre ? A tous les réformistes en peau de lapin, prenez en de la graine ! Voilà un politique qui inventait l'avenir de son pays.
Pour vous le faire découvrir, j'ai sélectionné ce livre, le plus accessible et certainement le plus complet :
Jean Zay, par Antoine Prost et Pascal Ory, éd. Tallandier
Le CNRS ? C’est lui. Le sport à l’école primaire, c’est lui. Le festival de Cannes ? Encore lui. Jean Zay a aussi jeté les bases de l’ENA qui sera créée après guerre. Il crée également les Bibliobus, qui existent encore. Le moins connu des « panthéonisés » du 27 mai laisse une œuvre politique énorme. Les auteurs, les grands historiens Antoine Prost et Pascal Ory, sont conscients de ce déficit de notoriété et s’appliquent à corriger cette injustice en décrivant méthodiquement, à l’aide de nombreux documents et photographies, ce parcours hors du commun. Jean Zay était un grand radical, ministre de l’Education, de l’instruction publique et des Beaux Arts du Front Populaire. Il avait donc dans son périmètre, comme on dit aujourd’hui, l’éducation, la recherche, la culture les sports et la jeunesse : quatre ministères à lui tout seul ! Un acteur majeur, brillant orateur, dont la carrière aurait sans aucun doute survécu à la guerre si le fanatisme de la milice n’en avait pas décidé autrement. Pendant la guerre, le lieutenant Zay s’est parfaitement conduit. Après la débâcle, il a embarqué sur le fameux Massilia pour continuer la guerre en Afrique du nord. Jean Zay est arrêté à Casablanca, jugé, calomnié par la presse vichyste. Doriot écrit : "il faut tuer le Juif Zay". Il passe le reste de la guerre à la prison de Riom. Le 20 juin 1944, trois miliciens extraient Jean Zay de sa prison, et l’assassinent près de Cusset. Son corps ne sera retrouvé qu’en 1946 par des chasseurs et identifié deux ans plus tard après les aveux de son assassin.