Au FN, c'est "touche pas à mon drapeau"

Depuis le 16 décembre, le FN a lancé une nouvelle campagne dénommée « La France j’y crois, je défends mon drapeau ». Le parti lepéniste entend s’opposer à la position du gouvernement qui, notamment par une proposition de résolution LREM votée fin novembre, promeut les symboles de l'Union européenne, parmi lesquels le drapeau, l’hymne et l’euro. Pour le Front national, cette « attaque contre les symboles nationaux (…) montrerait la primauté de l’Union Européenne sur la France ».

Le FN s’est déjà prononcé pour le retrait des symboles européens sur les bâtiments publics. Le #TouchePasAMonDrapeau remet à l’honneur cet emblème national qui suit l’histoire du parti depuis sa création. Nombre de supports et de créations du FN représentent le drapeau français. La boutique du parti propose divers produits dérivés à la vente :  le pin’s drapeau français, l’épinglette nationale Bleu-Blanc-Rouge, le pin’s drapeau au vent sur hampe, le drapeau Français sur socle, etc.

boutique

Dans l’histoire du FN, une affiche prend à contre-pied ce symbole. Elle est éditée pour un meeting du Front national à la Mutualité le 9 mars 1977 dans le cadre des premières municipales (13-20 mars) du parti. Elle représente un pied écrasant le drapeau français. Cette idée, explique Zvonimir Novak dans son livre Tricolores. Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite (L'échappée, 2011) est la « transposition d’une ancienne image de la Ligue des patriotes de Paul Déroulède, où l’on voit un prussien s’essuyer les bottes sur le drapeau français ».

Racisme anti-français

François Duprat est à l’origine du slogan « Non au racisme anti-français ! » qui séduit immédiatement sa formation politique. On l'accuse d’être un parti raciste ? Le FN retourne la formule : ce sont ces mêmes accusateurs qui, en réalité, font preuve de racisme… envers les Français.

Le « racisme anti-Français » doit être perçu à travers deux axes. Le parti de Marine Le Pen considère que des violences et discriminations quotidiennes « subies » par les Français s’apparentent au « racisme anti-Français ». Il répond également à l’émergence de l’antiracisme, notamment avec l’apparition de l’association SOS Racisme en 1984. Jean-Marie Le Pen le dit alors clairement. Pour l'ancien président du FN, le « racisme anti-Français » est une conséquence de « l’antiracisme, instrument politique d’aujourd’hui, comme le fut l’antifascisme avant guerre. Ce n’est pas un non-racisme. C’est un racisme inversé, un racisme antifrançais, antiblanc, antichrétien ».

Aujourd'hui, c'est plus qu'un clin d'oeil provocateur que le FN adresse aux années 1980. Son « TouchePasAMonDrapeau » renvoie évidemment au « Touche pas à mon pote » de SOS Racisme. Le FNJ l'a précédé dans cette démarche de détournement. En 2013, il faisait de même avec le slogan de la campagne présidentielle de François Mitterrand de 1981 - « La force tranquille » - en affichant « La France tranquille ».

FNJ

Dans son histoire, le parti lepéniste a plusieurs fois détourné et emprunté au patrimoine de la gauche française. Une des subtilisations méconnues de petite phrase apparaît sur un autocollant anonyme et confidentiel pris à la fête des BBR en septembre 1995. Intitulé « Vivre et travailler au pays », il expose une propagande raciste en s'appuyant sur ce dessin caricatural de l’étranger rajouté à « Bon voyage mon pote » .

autocollant 1

Il s’accapare ainsi un slogan de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) apparu en février 1977 dans le cadre de la campagne « Le droit à l’emploi pour tous, vivre et travailler au pays ». Il est, également, le thème d’un grand rassemblement sur le plateau du Larzac.

autocolant 2

À l''été 1977, 60 000 personnes y participent. Elles s’opposent au projet d’extension du camp militaire... des gauchistes antimilitaristes !