Le soir du 7 mai 2017, Marine Le Pen prend la parole peu après 20 heures. Elle déclare notamment ceci : « Par ce résultat historique et massif, les Français ont désigné l’alliance patriote et républicaine comme la première force d’opposition au projet du nouveau Président (…) Ce second tour organise une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes. (…) Le Front national, qui s’est engagé dans une stratégie d’alliance, doit lui aussi se renouveler afin d’être à la hauteur de cette opportunité historique et des attentes des Français exprimées lors de ce second tour. Je proposerai donc d’engager une transformation profonde de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs vœux et qui est plus que jamais nécessaire au redressement du pays. J’appelle tous les patriotes à nous rejoindre afin de participer au combat politique décisif qui commence dès ce soir. Plus que jamais, dans les mois qui viennent, la France aura besoin de vous ». Aujourd’hui, la présidente du FN prononcerait certainement les mêmes mots excepté un : celui de « patriote(s) » qu’elle remplacerait par « national » ou « nationaux ».
À quelques mois du congrès de mars 2018, le nouveau nom du parti pourrait donc être : Union nationale. Certes, le terme Union se substituerait à celui de Front. Mais l’idée ne reprend-elle pas le fil historique conducteur du FN, la stratégie à la base de la création du parti lepéniste ? À son apparition en octobre 1972, le FN – ou plutôt le FNUF (Front national pour l’unité française) - réfute le qualificatif d’extrême droite. Son positionnement sur l’échiquier politique constitue un enjeu pour cette petite formation qui entend s’afficher comme un parti de « droite ». Lors de sa première campagne présidentielle, en mai 1974, Jean-Marie Le Pen appelle à la « lutte pour le salut public et la Renaissance française » ; un « salut public » qui comprend l’idée d’union nationale, c’est-à-dire d’une alliance entre les droites.
Les mots changent mais l’idée reste la même. D'ailleurs, Union nationale ou Alliance pour un rassemblement national ? Mi-janvier 2012, Louis Aliot déposait à l’Institut national de la propriété industrielle une demande pour cette marque.