« Je crois qu'il n'y a aucune hésitation de la part de Marine Le Pen. Mais comme toujours, et comme pendant la campagne présidentielle, elle souhaite garder la maitrise du calendrier, donc elle l'annoncera quand elle le souhaitera » explique Nicolas Bay ce 16 mai sur franceinfo. La présidente du FN devrait déclarer sa candidature aux législatives dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais jeudi sur un marché à Hénin-Beaumont poursuit le Secrétaire général du FN… avant d’être recadré et d’évoquer une « erreur » d’interprétation. La version officielle du FN est autre : d’ici la fin de la semaine, Marine Le Pen annoncera si elle se présente aux législatives dans ce territoire qui comprend notamment la ville d'Hénin-Beaumont administrée par Steeve Briois.
C’est une des terres symboliques du vote Front national. Celle où, pour la première fois dans l’histoire, un maire FN est élu au premier tour lors des dernières municipales avec 50,54 % des voix : Hénin-Beaumont, cité minière d’environ 27 000 habitants au coeur du bassin minier dans le Pas-de-Calais, ancien fief de la gauche, devenue l’emblème du FN. La ville dans laquelle Marine Le Pen renaît politiquement. Sa conquête part d’ici.
C'est à partir de 2007 qu'elle choisit la région Nord-Pas-de-Calais comme terre d’élection. La seconde convention présidentielle (24-25 février 2007), à Lille – où le FN est arrivé en tête le 21 avril 2002 – affiche le thème de l’« insécurité sociale ». Le 22 avril, Jean-Marie Le Pen réalise 10,44 % des voix au premier tour du scrutin présidentiel. C’est un échec, entre autres, pour Marine Le Pen, sa directrice de campagne. L’élection présidentielle de 2007 a suscité de nombreuses interrogations de la part des lepénistes historiques sur la « gestion » du capital frontiste. Le FN a affiché de nouveaux positionnements incompatibles avec l’idéologie lepéniste, notamment en faveur de l’assimilation des étrangers. Avec 4,29 % des suffrages aux législatives de juin, le FN n’obtient pas d’élus et aucune rentrée d’argent. Mais un résultat se distingue.
Avec 41,65 % des voix face au socialiste Albert Facon, Marine Le Pen est la seule de son parti à franchir la barre du première tour des législatives dans cette circonscription du Pas-de-Calais. Quelques semaines après la présidentielle, ce résultat et cette position permettent à la fille du président du FN deux choses : effacer, en quelque sorte, sa mauvaise campagne et poursuivre son ascension politique, confirmée par les régionales de mars 2010. Le 22 avril 2012, Marine Le Pen rassemble sur son nom 17,9 % des suffrages pour sa première présidentielle. Elle fait mieux que son père et davantage que le cumul des scores du FN et du MNR en 2002. Aux législatives qui suivent, les 10 et 17 juin, elle est battue par le candidat socialiste Philippe Kemel d’une centaine de voix au second tour.
En quelques années, le duo Marine Le Pen-Steeve Briois s’est imposé. À chacun son ambition et son attitude politiques : la présidente du FN s’occupe de la circonscription et attire les médias. Steeve Briois continue son travail sur le terrain. Le maire d’Hénin-Beaumont apparaît comme le symbole de la reconquête. Sa ville et sa victoire représentent un enjeu pour le FN... et, aujourd'hui, pour Marine Le Pen. Va-t-elle s’engager dans ces législatives ? C’est fortement probable. Ce serait la troisième fois en dix ans. Au sein du parti, les avis sont partagés. Pour certains, elle ne peut se permettre un revers. D'autres sont conscients que cette terre pourrait lui offrir un siège à l’Assemblée nationale et, pourquoi pas, mettre en veilleuse cette seconde campagne présidentielle.
Le 7 mai dernier, la présidente du FN est arrivée en tête dans 13 communes de la onzième circonscription du Pas-de-Calais sur 14. Au premier tour, elle y affiche un résultat de 41,2 % et de 58,2 % deux semaines plus tard. À Hénin-Beaumont, Marine Le Pen fait mieux : 46,50 % et 61,56 % des voix. Quoiqu'il en soit, affirme Nicolas Bay dans une conférence de presse, la présidente du FN est le « chef de file de la bataille » de ces prochaines élections qui, selon lui, offre de « vraies perspectives de victoire » . Le FN aborde cet épisode électoral avec « beaucoup d'optimisme et de détermination » . 556 candidats sont connus. Les 21 restants souhaitent annoncés eux-mêmes leur candidature. Marine Le Pen en fait certainement partie.